Avait-on vraiment peur de l’eau au Moyen Âge ?

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 24 septembre 2019 à 14h10 dans

Avais-t-on peur de l'eau au Moyen-Âge ?

Cette idée reçue est très répandue, pourtant il semblerait que la peur de l’eau ne date pas du Moyen Âge, mais plutôt de la Renaissance…

Halte aux idées reçues ! Au Moyen Âge, on n’a pas peur de l’eau… Au contraire, les bains sont même appréciés, et ce quotidiennement. Un renouveau du thermalisme est d’ailleurs insufflé à cette époque.

Revenons quelques siècles en arrière. Pour commencer, la pratique connaît une période de développement jusqu’au IIIe siècle, parallèlement à l’hellénisation du bassin méditerranéen et à la conquête de la Gaulle par les Romains. Par la suite, au cours du IIIe siècle, l’Empire romain d’Occident se trouve affaibli par les invasions barbares. Et, au Ve siècle, les Goths détruisent tout ce qui peut encore symboliser la puissance de cet Empire, les thermes y compris.

Un vent nouveau insufflé par Charlemagne

Durant le Haut Moyen Âge, le thermalisme n’est pas plébiscité. En revanche, sous le règne de Charlemagne, ses bénéfices sont de nouveau mis en avant. L’hygiène devient alors un art de vivre où propreté et plaisir se mêlent.

Toutes les villes sont équipées de bains publics mixtes et payants, appelés les « étuves ». La population s’y rend pour se laver et se délecter. Les baigneurs sont servis par des jeunes femmes et disposent de chambres à coucher pour plus d’intimité. En outre, au XIIIe siècle, le retour des Croisades voit l’apparition de maladies contractées dans des pays lointains qui peuvent être soignées dans les thermes.

Cependant, les épidémies de lèpre, de peste et l’arrivée de la syphilis, au XVe siècle, affectent la réputation des établissements. Et, au passage, celle de l’eau. Jusqu’alors perçue comme purificatrice, elle se transforme en objet de méfiance.

Naissance de la médecine thermale et peur de l’eau, le paradoxe de la Renaissance

La situation évolue à la Renaissance. La pratique thermale reçoit alors la reconnaissance des médecins et un thermalisme de cour s’installe. Joubert, médecin de cour d’Henri IV, préconise, en particulier, la cure thermale comme traitement contre les rhumatismes et la goutte. Des traités médicaux voient le jour à cette période et les sources sont classées selon leurs propriétés et vertus. En outre, en 1605, Henri IV fonde la « Surintendance générale des Bains et Fontaines minérales du Royaume ».

En revanche, la fin du XVIIe siècle est le théâtre d’un retour de la crainte de l’eau. En effet, sous Louis XIV, la population est persuadée qu’elle favorise la dilatation des pores de la peau, où peuvent alors s’immiscer des maladies. L’activité thermale et les bains laissent place à la mode des parfums, des poudres et de la toilette à sec…

Ce n’est donc pas au Moyen Âge qu’on avait peur de l’eau, mais bien à la Renaissance !

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