La cure thermale peut-elle soulager l’affection post-Covid ?

Par Lucie Lefebvre
Publié le 12 avril 2022 à 17h09 dans ,

cure thermale covid long

La cure thermale pourrait être une solution face au Covid long. C’est ce que cherche à démontrer le projet Covidtherm qui étudie l’action des soins hydrothermaux dans le traitement de l’affection post-Covid. Quels sont ces soins ? Pourquoi sont-ils proposés ? Le Pr Gisèle Kanny nous répond.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), jusqu’à 15 % de la population mondiale souffrirait de symptômes persistants après avoir contracté le Covid-19, dont 600 000 à 800 000 Français. À ce jour, certains centres thermaux proposent des cures thermales spécifiques pour les personnes atteintes de Covid long. Contrairement aux cures conventionnées, ces programmes ne sont pour le moment pas validés ni pris en charge par la Sécurité sociale.

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Cependant, des études sont en cours pour évaluer leur intérêt et permettre de rendre la cure thermale accessible au plus grand nombre. Zoom sur l’une d’entre elles avec le Pr Gisèle Kanny, investigateur principal du projet de recherche Covidtherm.

Avant de s’intéresser à l’étude que vous menez, qu’est-ce que le Covid long ?

« Tout simplement, il s’agit de symptômes qui persistent après la phase aiguë de l’affection au Covid-19. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a apporté une définition de l’affection post-Covid, dite Covid long à l’automne dernier : “Une infection survenant chez des personnes présentant des antécédents d’affection probable ou confirmée par le SARS-CoV-2, généralement trois mois après l’apparition de la Covid-19. Avec des symptômes qui persistent au moins deux mois et qui ne peuvent être expliqués par aucun autre diagnostic.

Le Covid long ne dépend pas de la sévérité de la phase initiale. Des patients peuvent avoir eu une phase initiale peu sévère et présenter des symptômes très invalidants de Covid long.

Bien qu’il existe une multitude d’autres symptômes, trois principaux ont été identifiés par l’OMS :

  • la fatigue;
  • l’essoufflement;
  • le dysfonctionnement cognitif (brouillard cérébral). »

Comment soigner le Covid long ?

« Tout d’abord, c’est une maladie que l’on découvre. Des propositions sont faites par la Haute Autorité de santé pour apporter des réponses rapides. Elles sont centrées sur la réadaptation, la rééducation et le soutien aux patients.

La reprise de l’activité physique prend une place centrale qui est parfois difficile pour les patients, car ils sont très fatigables et souffrent d’une désadaptation à l’effort.

Le soutien porte sur un soutien psychologique – non pas parce que la maladie est une maladie psychologique – mais pour soutenir les personnes qui se retrouvent dans une situation difficile physiquement et psychologiquement. Une situation qui les éloigne de leurs activités sociales, familiales et professionnelles. Le but est de les accompagner dans le vécu de la maladie. »

En quoi consiste l’étude Covidtherm que vous menez actuellement ?

« Comme je vous l’ai dit, la plupart des traitements actuels du Covid long sont des traitements de réadaptation et de soutien. Très peu de traitements médicamenteux aujourd’hui ont montré une véritable efficacité. L’idée du projet Covidtherm est de démontrer que la prise en charge en eau minérale naturelle par hydrokinésithérapie et par les soins hydrothermaux est bénéfique pour ces patients.

Le mouvement et l’effort physique sont facilités dans l’eau et par les soins hydrothermaux aux actions stimulantes ou relaxantes. C’est ce qu’on appelle la créno-réadaptation qui est plus favorable que les traitements que l’on peut appeler « à sec ». Nous mettrons également en place la rééducation olfactive. »

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Pourquoi la cure thermale est-elle efficace lorsqu’on souffre de Covid long ?

« En plus des actions de l’eau minérale naturelle, il y a un effet bénéfique par rapport à une prise en charge en ville. Un patient en ville va se rendre chez son kinésithérapeute pour son traitement puis rentrera chez lui.

L’établissement thermal offre une autre dimension : la possibilité de rencontrer des pairs et de sortir de l’isolement. Le patient bénéficie aussi de formations adaptées. En plus, bien sûr, de l’environnement thermal qui offre un cadre naturel et humain bienveillant. »

Comment est mis en place le projet Covidtherm ?

« On prévoit une phase d’inclusion des patients de 6 mois. Nos premiers résultats seront obtenus à 8 mois et ensuite, il y a un suivi des patients sur 12 mois. Le design de cette étude a été construit pour avoir des résultats rapides et pour poursuivre l’évaluation de cette prise en charge post-Covid à plus long terme.

Nous mettons en place une étude multicentrique et ouverte en comparant le traitement en établissement thermal (hydrokinésithérapie et soins hydrothermaux) et le traitement en médecine ambulatoire, c’est-à-dire « à sec ». Sept stations thermales sont impliquées :

  • dans le Grand Est ;
  • en Occitanie ;
  • en Provence-Alpes-Côte d’Azur. »

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Pourquoi réaliser ce projet ?

« Le but est de démontrer l’intérêt de la cure thermale dans la prise en charge du Covid long pour la proposer au plus grand nombre. Il faut préciser que nous avons volontairement choisi un design qui dépasse les orientations thérapeutiques actuelles. Nous avons choisi des soins hydrothermaux que je qualifierais « d’universels » :

  • bain bouillonnant ;
  • douche au jet ;
  • mobilisation en piscine ;
  • massage sous affusion avec des produits hydrothermaux.

Les retombées attendues concernent avant tout la validation d’un parcours de soins spécifique et adapté aux patients atteints de Covid long. En sachant que l’on va inclure des patients qui ont des symptômes variés et d’intensités différentes.

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Le projet a aussi des dimensions européennes. Il faut savoir qu’en Europe (Roumanie et Portugal), les soins de créno-réadaptation font partie intégrante de la prise en charge des patients atteints de Covid long. Dans ces pays, les centres de réhabilitation de balnéothérapie font partie intégrante de l’offre de soins. »

Qui est en charge de l’étude Covidtherm ?

« Le projet est construit en interdisciplinarité. Bien sûr, la médecine thermale intervient. Les autres disciplines impliquées dans la prise en charge des personnes souffrant d’affections post-Covid sont :

  • les experts infectiologues de l’équipe du CHRU de Nancy ;
  • les kinésithérapeutes qui ont un rôle clé ;
  • l’équipe universitaire de psychologie;
  • les médecins référents ORL concernant les troubles de l’odorat ;
  • les médecins de médecine physique et de réadaptation.

Le projet est porté par la direction de la recherche clinique et de l’innovation du CHRU de Nancy. Nous faisons également appel au médecin référent de la mise en place du parcours de soins de ces patients. Les travaux sont menés en partenariat avec les agences régionales de santé. »

Pour en apprendre plus sur les cures thermales et le post-Covid, consultez le guide pratique 2022 de la cure thermale, disponible dans les magasins Fnac ou directement en téléchargement.

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