Intérêt thérapeutique des boues thermales selon un docteur et un professeur

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 1 décembre 2023 à 15h49 dans

Homme en soin avec une application de boue thermale sur le dos

Les soins à base de boue sont proposés dans les deux tiers des 110 établissements thermaux français, la boue occupe donc une place importante dans le thermalisme. Pour évoquer l’intérêt thérapeutique des boues thermales, l’Officiel du thermalisme donne la parole au Dr Karine Dubourg et au Pr Frédéric Bauduer.

Les différents types de boues à usage thérapeutique

Le traitement thermal comporte l’utilisation d’eau minérale naturelle parfois associé à des produits dérivés tels que les vapeurs, les gaz, les eaux-mères et les boues. Les boues sont des matériaux issus de la nature et composées d’un mélange d’eau et de particules sédimentaires, le limon et/ou l’argile. A l’instar de certains animaux, comme par exemple l’hippopotame ou le sanglier, les Hommes ont utilisé les vertus des boues depuis la nuit des temps.

Les boues thermales sont des mélanges complexes renfermant une fraction aqueuse (autour de 60 %) (eau minérale naturelle obligatoirement), une fraction minérale de 15 à 25 % (carbonates, sables siliceux, argiles extractives de la famille des montmorillonites ou des kaolinites ou argiles sédimentaires directement prélevés in situ), une fraction végétale (humus, algues…), et une fraction biologique (bactéries, zooplancton).

On distingue essentiellement deux types de boues à usage thérapeutique selon leur mode de préparation. Les boues extemporanées sont, comme leur nom l’indique, préparées juste avant le soin et peuvent avoir diverses provenances (carrières d’argile de différents pays). Elles ne contiennent aucune fraction biologique ni végétale et sont celles majoritairement utilisées dans les établissements thermaux.

Les péloïdes sont des boues soumises à un processus de maturation artificielle dans une eau minérale naturelle chaude renfermant des bactéries (en particulier cyanobactéries). Dans la station de Dax à titre d’exemple, la fraction minérale provient du limon de l’Adour tamisé et est mélangée avec l’eau minérale naturelle. La fraction végétale est composée de cyanobactéries (algues bleues aux propriétés anti-inflammatoires) cultivées de mars à octobre en plan incliné sous serres sur lequel ruisselle l’eau minérale naturelle. La fraction biologique résulte d’un inoculum de Clostridium bifermentans.

Le processus de maturation s’effectue durant 21 jours et consiste en un brassage de la pâte avec les cyanobactéries et les Clostridium bifermentans dans de grandes cuves en inox. Le produit final est conditionné en sachets de 10 kilos. Après utilisation, le péloïde est récupéré et redéposé dans son milieu originel.

Soin thermal avec application de compresse

Les modalités d’utilisation

Les produits destinés à chaque curiste sont conservés pendant les 18 jours de la cure dans des étuves spécifiques. Les boues thermales s’utilisent sous forme d’application directe sur une partie du corps (illutations) ou de cataplasmes (substrats enveloppés dans une gaze et apposés en général sur au maximum cinq sites parmi les suivants épaules, genoux, rachis, hanches, mains, coudes, chevilles, pieds) voire de bains généralisés individuels ou collectifs.

Les applications de boue thermale sont effectuées selon la prescription médicale pendant une durée de 15 minutes, à une température de 40 à 50°C. Les boues thermales sont utilisées obligatoirement parmi les 72 soins délivrés durant les 18 jours de cure conventionnée à orientation rhumatologie. Les contrindications d’utilisation se superposent à celles de la cure thermale en général mais il convient d’insister sur l’interdiction d’application de boue en cas de lésion cutanée et de poussée inflammatoire.

Les indications et effets thérapeutiques

Les indications les plus intéressantes sont essentiellement les affections musculo-squelettiques (arthrose) du genou, du rachis (responsable de lombalgies), de la main, voire la fibromyalgie. Ce traitement a des vertus antalgiques, relaxantes, décontracturantes et pour certaines boues, anti-inflammatoires (via les cyanobactéries).

Sur le plan clinique, il entraine une amélioration de la fonction articulaire ainsi que de la qualité de vie des patients. L’effet thérapeutique passe probablement par l’impact favorable de la chaleur qui est renforcé par l’inertie thermique des boues. En effet il a été démontré que la chaleur augmente la sécrétion de cortisol, de prolactine et de facteurs de croissance et induit la production d’endorphines, l’ensemble ayant un effet antalgique. La combinaison de bains et d’applications de boues diminue la production de médiateurs chimiques responsables de la destruction cartilagineuse dans l’arthrose.

D’autres effets favorables hypothétiques liés à la nature chimique des boues ont été évoqués. Les boues thermales sont proposées également dans d’autres orientations de façon moins documentée. Il est cependant difficile de déterminer l’impact spécifique des soins à base de boue parmi l’arsenal thérapeutique proposé lors d’une cure ; l’efficacité étant attribué à l’ensemble de la prise en charge thermale (soins, rééducation et éducation).

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Source :

  • Contribution du Dr Karine Dubourg et du Pr Frédéric Bauduer, Institut du Thermalisme de Dax, Université de Bordeaux, L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2023, p.34-35
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