Le burn-out : coup de fatigue ou dépression d’épuisement ? Le psychiatre Olivier Dubois y répond

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 10 novembre 2023 à 17h28 dans

Homme assis sur le fond de son lit tenant la tête dans ses mains dans un état dépressif

Le burn-out touche entre 100 000 et 300 000 salariés en France. Lorsque la situation se chronicise, une prise en charge en cure thermale est tout à fait appropriée pour de multiples raisons comme nous l’explique le Dr Olivier Dubois, psychiatre et directeur des thermes de Saujon.

Par le Dr Olivier Dubois

Le burn-out se définit comme l’association de trois éléments cliniques essentiels :

  • Un épuisement physique et psychique,
  • Une altération sévère des émotions,
  • Un sentiment pessimiste concernant l’avenir

Le burn-out est généralement la phase ultime d’un stress chronique.

Mais, le burn-out est-il une maladie ?

Le burn-out est évidemment un trouble puisqu’il entraîne un degré de souffrance extrêmement important avec parfois un risque suicidaire et qu’il associe très fréquemment symptômes anxieux et dépressifs. Cependant il n’appartient pas à une classification médicale et n’est donc pas spécifiquement reconnu comme tel. Ce trouble est donc complexe. Il est lié à l’exercice professionnel. Le burn-out a été identifié dans les années 70, lorsque l’on parlait de stress au travail. Dans les années 2 000, l’attention s’est focalisée sur les suicides dans le cadre professionnel. Depuis quelques années, le terme de burn-out s’impose. Plusieurs indicateurs montrent que le travail impacte de plus en plus le psychisme humain et contribue au développement des troubles de la pathologie mentale.

Quelles sont les principales causes psychologiques qui favorisent le développement du burn out ?

On en retient globalement 5 :

  • Une charge de travail excessive,
  • Des situations émotionnelles durables et fortes,
  • Un manque d’autonomie (management trop proche voire humiliant),
  • Les conflits de valeur : lorsque la personne ne se retrouve plus dans les valeurs défendues au travail,
  • Les mauvaises relations de travail liées à des tensions relationnelles. Les conséquences du burn-out sont très importantes : pour le Bureau international du Travail, il représenterait un coût évalué entre 3 et 4 % du PIB.

L’une des grandes particularités du burn-out est qu’il est en fait à l’interface de la personne dans ses dimensions psychologique, motivationnelle, relationnelle, mais aussi de son environnement professionnel et social.

Mais quelles solutions peut-on y apporter ?

Souvent il aboutit à un arrêt de travail de quelques semaines, pour réduire l’état de souffrance prolongé et surtout prévenir une dégradation possible, surtout dépressive. Certains traitements, notamment les antidépresseurs, peuvent être efficaces, particulièrement sur la dépression. Mais dès lors que la situation ne s’améliore pas et que le patient présente un état de souffrance continu, avec une certaine chronicité (troubles du sommeil, anxiété psychique, sensations douloureuses continuelles, découragement), il faut envisager des alternatives thérapeutiques.

Une des principales alternatives : la cure thermale psychosomatique

L’intérêt ici est d’associer un éloignement des facteurs de stress, une prise en charge médicalisée, un temps de traitement suffisamment long (3 semaines) et une sédation naturelle par la balnéothérapie qui permettent progressivement la réduction des symptômes puis les conditions de la reprise d’espoir. Ainsi, il a été démontré que les soins balnéothérapiques étaient particulièrement efficaces sur les états anxieux et le stress chronique (étude STOP TAG*, financée par l’AFRETh).

L’approche médicale et psychologique développée dans les stations thermales psychosomatiques permet d’analyser et d’apporter des réponses aux causes qui ont favorisées le développement du trouble. Certaines stations ont développé des programmes de gestion du stress, adaptés notamment au cadre du burn-out avec le développement d’ateliers sur la relaxation, la méditation, voire le suivi évaluatif des actions thérapeutiques. Il faut mesurer combien la notion de lâcher prise spécifique en cure thermale est essentielle dans le traitement de ces pathologies. Qu’y a-t-il de mieux qu’une prise en charge en cure thermale de 3 semaines pour se libérer des tensions intérieures dans lesquelles le sujet est envahi ?

Dans certains établissements à orientation psychosomatique, près de 20 % des curistes qui s’inscrivent, présentent une situation de burn-out prolongée. Il est intéressant de noter qu’une étude réalisée en 2010, en Autriche, a démontré que cette pathologie s’améliorait significativement tant en fin de cure que trois mois après celle-ci**. Le burn-out est une affection qui, lorsqu’elle se chronicise, handicape gravement la vie du sujet et a des répercussions sur son entourage. Cette maladie peut aboutir à un épuisement tel que le suicide est un risque sérieux. Il est important de rester très vigilant, d’apporter des solutions thérapeutiques actives, efficaces, à la fois non culpabilisantes et non stigmatisantes. La cure thermale est un mode institutionnel plus encadrant que la médecine ambulatoire, mais moins stigmatisant que l’hôpital et surtout très efficace pour réduire les symptômes d’anxiété et de dépression.

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Source :

  • Contribution du Dr Olivier Dubois, psychiatre directeur des Thermes de Saujon, L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2018, p.44-45
  • *Etude STOP TAG, O Dubois, et al. ; Balneotherapy versus paroxetine in the treatment of generalized anxiety disorder, Complementary Therapies in Medicine (2010)
  • **Association of Spa Therapy with Improvement of Psychological Symptoms of Occupational Burnout: A Pilot Study Blasche G. et al, Forsch Kompl-med 2010, 17: 132-6
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