Traitement thermal du lymphœdème selon un Professeur de médecine vasculaire

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 27 novembre 2023 à 15h40 dans

Personne se faisant masser les jambes

Le lymphœdème entraîne une augmentation de volume d’une partie du corps causée par une accumulation de lymphe dans les tissus sous-cutanés. Pour évoquer les bienfaits de la cure thermale dédiée au lymphœdème, l’Officiel du thermalisme donne la parole au Pr Carpentier, Professeur de Médecine Vasculaire au CHU de Grenoble et Directeur du Centre de Recherche Universitaire de La Léchère (Université Grenoble – Alpes).

Par le Pr Patrick CARPENTIER

Le lymphœdème touche plus de 100 000 personnes en France. Il s’agit d’une maladie chronique qui souffre d’un déficit important de prise en charge. Les stations thermales à orientation « phlébologique » utilisent certaines techniques thérapeutiques adaptées aux patients atteints de cette maladie et plusieurs d’entre elles ont développé un savoir-faire spécifique dans cette prise en charge. Argelès-Gazost et Luz-Saint-Sauveur ont été précurseurs en la matière, rejoints par La Léchère-les-Bains, Barbotan-les-Thermes et Luxeuil-les-Bains dans le cadre d’un programme national piloté par l’AFRETh.

Le lymphœdème et les besoins thérapeutiques

Le lymphœdème se manifeste comme une augmentation de volume chronique d’un ou plusieurs membres, qui résulte d’une accumulation de liquides (œdème) consécutive à une déficience du système lymphatique. En effet, ce système participe au drainage des excès de liquides au niveau des tissus de l’organisme, notamment de la peau et des muscles. Cette insuffisance lymphatique peut être constitutionnelle et malformative. Il s’agit d’un lymphœdème primaire qui peut être congénital ou apparaître plus tard dans la vie.

Mais le lymphœdème est le plus souvent secondaire à des traumatismes, des infections, mais surtout, dans nos pays, aux traitements chirurgicaux (curages ganglionnaires) et radiothérapeutiques des cancers, la forme la plus fréquente étant le lymphœdème du membre supérieur après traitement du cancer du sein. Dans le lymphœdème, l’œdème liquidien se complique d’inflammation. Cela conduit à une fibrose avec durcissement et épaississement de la peau qui devient à la fois rigide et dure, gênant ainsi les mouvements des articulations voisines, également fragiles, et favorisant les infections. Les infections sur ce terrain sont plus sévères et présentent un risque de septicémie : les érysipèles et les lymphangites.

Tout cela entraîne une gêne fonctionnelle importante, une altération de l’image corporelle, des risques de santé et, finalement, une altération marquée de la qualité de vie, avec un véritable handicap physique et social. Bien qu’il y ait des essais de transplantation chirurgicale, cette approche thérapeutique n’est pas recommandée, et il n’y a pas actuellement de traitement qui permette de guérir un lymphœdème, car il s’agit d’une maladie chronique.

Cependant, les conséquences peuvent être contrôlées, tandis que la prise en charge thérapeutique améliore très efficacement la qualité de vie des sujets suivis. Ce traitement associe la compression forte du membre atteint, très précisément adaptée à chaque personne, aux massages par drainage lymphatique manuel, au massage tissulaire selon l’état des tissus cutanés et à la prévention des complications, principalement par l’éducation thérapeutique et l’optimisation des comportements de santé. On distingue des phases de traitement intensif, qui durent d’1 à 3 semaines, à répéter de temps à autre au cours de l’évolution, et des phases de traitement d’entretien où le patient doit s’autonomiser au maximum.

La cure, une réponse adaptée au lymphœdème

La cure thermale constitue l’une des modalités de phase de traitement intensif. Elle associe une balnéothérapie adaptée au lymphœdème et un parcours d’éducation thérapeutique, tels qu’ils ont été définis dans le programme national Thermœdème, conçu sous l’égide de l’Association Française pour la Recherche Thermale.

La balnéothérapie vise essentiellement la réduction du volume du membre, grâce à l’effet pressionnel de l’eau, aux massages mécaniques et aux drainages lymphatiques réalisés par les kinésithérapeutes, mais également à améliorer la trophicité musculaire et la mobilité articulaire au niveau du membre. Quand elle est possible, une cure à double orientation (orientation annexe rhumatologique) est souvent justifiée, car elle permet d’amplifier ce second aspect et d’effectuer 6 soins quotidiens au lieu de 4.

L’éducation thérapeutique est réalisée dans le cadre d’un programme structuré validé par l’ARS Rhône-Alpes, qui a pour objet l’acquisition de connaissances sur la pathologie, les traitements traitements, notamment compressifs, et la prévention des complications, et l’acquisition d’un savoir-faire en matière d’autodrainage, d’autobandage et de soins cutanés.

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Source :

  • Contribution du Pr Patrick CARPENTIER, Professeur de Médecine Vasculaire au CHU de Grenoble, Directeur du Centre de Recherche Universitaire de La Léchère (Université Grenoble – Alpes), L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2019, p.40-41

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