Pénurie de kinésithérapeutes et médecins dans les thermes : quelles solutions ?

Par Julie Paysant
Publié le 28 novembre 2023 à 15h24 dans

Homme en séance de kinésithérapie

Les médecins et kinésithérapeutes sont indispensables dans les centres thermaux pour accompagner le curiste dans son parcours de soins. Face aux difficultés de recrutement, les fédérations et syndicats œuvrent pour trouver des solutions. Etat des lieux avec Marie-Catherine Tallot, présidente de la Société française de kinésithérapie thermale (SFKTh) et Michel Duprat, Président du syndicat national des médecins thermaux (SNMTh).

Malgré l’engouement croissant de la population pour la médecine thermale, il manque des kinésithérapeutes et médecins dans les établissements thermaux. Une enquête itérative non publiée, réalisée par le SNMT, en 2018, avance un risque d’un déficit de l’ordre de 65 à 100 médecins thermaux, soit 10% à 15% de l’effectif actuel répertorié dans les établissements thermaux. Concernant la profession de kinésithérapeute, elle est de plus en plus attractive. Pour preuve : au 1er janvier 2022, 97 790 kinésithérapeutes sont inscrits au tableau de l’Ordre. Et entre 2018 et 2022, le nombre de professionnels inscrits et titulaires d’un diplôme d’Etat français a augmenté de 6,3 % passant de 66 001 à 70 135. Selon un recensement du Conseil National des Etablissements Thermaux (CNETh), communiqué auprès de Marie-Catherine Tallot, il manquerait approximativement 100 kinésithérapeutes équivalents temps plein en établissement thermal sur les 500 déjà pourvus.

Redéfinir la fonction du kinésithérapeute thermal

Le mercredi 28 septembre 2022, la SFK a organisé une réunion avec les principaux intéressés de la filière thermale pour définir sept propositions. Leurs objectifs ? Ouvrir l’exercice de la kinésithérapie en établissement thermal à de nouvelles pratiques afin de rendre les soins prodigués aux curistes plus performants et plus pertinents, rendre la pratique plus attractive pour les kinésithérapeutes (délégation et supervision des soins, responsabilités plus larges) et enfin, réaliser des études cliniques afin de définir de nouveaux protocoles des soins.

Comme nous l’indique Marie-Catherine Tallot : « nous souhaitons revaloriser la kinésithérapie en établissements thermaux rendant ainsi cet exercice plus attractif que celui de « masseur-doucheur ». Nous allons rencontrer prochainement les services du ministère de la Santé pour ouvrir une démarche mettant en application nos propositions. Les kinésithérapeutes peuvent offrir, aux curistes, plus que du massage ou de la mobilisation dans l’eau ! »

La médecine thermale n’a pas dit son dernier mot

« Le thermalisme a perdu la bataille intellectuelle, car elle est considérée, à tort, comme une médecine alternative et ringarde. Elle n’est pas perçue par le monde universitaire et médical comme une médecine à part entière. Pour preuve : seulement quatre à cinq facultés de médecine continuent à avoir des professeurs enseignant le thermalisme. Considérons aussi les contraintes de l’exercice de la médecine thermale et la rémunération pas aussi intéressante qu’elle devrait l’être » précise le Dr Duprat.

Face à cette pénurie, les médecins, les exploitants thermaux et les régions se mobilisent pour faire découvrir cette médecine encore trop méconnue. Des solutions sont mises en place avec une communication plus forte auprès des étudiants en médecine et la possibilité, depuis sept ans, de faire de la médecine thermale à titre de salarié. Ce contrat de travail de droit privé peut comporter des primes et intéresser de plus en plus de futurs médecins. « Nous travaillons avec la région Aquitaine et Nancy pour renforcer les enseignements de thermalisme. Soulignons qu’en France, et contrairement aux autres pays membres de l’Union européenne, nous avons l’avantage d’avoir médicalisé et rationalisé au maximum les prestations thermales » souligne le Président du SNMT.

Avant de conclure : « La médecine thermale est une médecine d’avenir à un moment où le défi écologique est majeur. Elle participe à une réponse intelligente et économiquement fondée. Nous avons besoin d’alternative dans notre monde touché par les problématiques de vieillissement et de maux civilisationnels que sont, par exemple, l’obésité, les traumatismes, et les problèmes dermatologiques et psychiques. C’est une médecine sans risque qui représente seulement 0.15 % de la dépense nationale de santé pour 500 000 personnes ».

ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER


Sources :

  • La démographie des kinésithérapeutes en 2022, Ordre des masseurs kinésithérapeutes, 9 janvier 2023
  • Entretien avec Marie-Catherine Tallot, présidente de la Société française de kinésithérapie thermale (SFKTh), 17 novembre 2023
  • Entretien avec Michel Duprat, président du Syndicat national des médecins thermaux (SNMTh), 17 novembre 2023

11 commentaires

  • Voreaux dit:

    De nombreux médecins retraités seraient prêts à exercer à temps partiel en médecine thermale , mais l offre n est pas adaptée…

    Répondre moderated
  • Corinne dit:

    manque de kiné c’est certain, à Vichy, certains kinés étrangers étaient professionnels, les plus agés qui doivent être en retraite depuis belle lurette, on ne sait pas pourquoi ils sont là ça fait pas sérieux,ils font plutôt des papouilles ! Ancienne esthéticienne, je fais du massage plus technique ! Ils ne font pas des massages de kiné, j’ai eu l’impression que c’était juste pour que les curistes ferment leur bouche….les kinés étrangers ne veulent pas de personne sans maillot de bain pour masser les hanches et leur kilo de vaseline s’imprègne dans les maillot de bain… mais ou va t on. Il faut qu’il change de métiers ou qu’il reste à la retraite ! les deux jeunes femmes polonaise ou roumaine était top mais ne sont pas restées. Ils doivent être sous payées et faire du travail à la chaîne toutes les 10 mn. Le vrai problème est que ce sont devenus des centres de profits, des chaines et l’argent, le luxe est plus important que la qualité des soignants qui dans la plupart des cas ont appris un geste à faire répétitif sans connaitre l’anatomie.

    Répondre moderated
  • Jacquot dit:

    De plus en plus de kinésithérapeute s pratiquent des massages sous douche d eau thermale de façon très très légère qui apporte strictement rien aux soins thermaux helas

    Répondre moderated
  • Bellec dit:

    À Amélie les Bains cela fait 5 ou 6 ans qu’il n’y a plus de kinè dans les thermes, cela me surprend car les tarifs n’ont pas baissé pourtant la taxe que les thermes facturent en plus, même lorsqu’on est à 100% (accident du travail par exemple) elle augmente !!!
    Et problème aussi de médecins thermaux…..

    Répondre moderated
  • marguerite Nicaise dit:

    L’an dernier nous sommes allés en cure à Allevard ; orientation voies respiratoires et rhumato pour mon mari ; rhumato et phlébologie pour moi.
    Présence de kinés mais en ce qui me concerne, j’ai reçu des soins d’un kiné espagnol, donc pb de langue et massage de dos très minimales que je qualifierai plutôt de  » papouillage », à l’issue de la première semaine j’ai demandé l’arrêt de ce soin ( je suis une kinesitherapeute en retraite qui a exercé en salariat dans un centre de rééducation pour enfants handicapés).
    Cette année, cure à Jonzac, mêmes orientations mais pas de soins de kiné. Unique possibilité dans les soins proposés en supplément et payants.

    Répondre moderated
  • Nini dit:

    Depuis 11 ans que je vais en cure je n’ai eu qune année des soins avec un kinésithérapeute c’était a st paul les dax ! C’est bien dommage

    Répondre moderated
  • dominique PARREL dit:

    Il y a bien longtemps qu’il n’y a plus de kiné dans les cures thermales et c’est bien dommage. Les dernières années, il y avait des kinés étrangers très compétents. Maintenant, ils n’ont plus le droit d’exercer. Pourquoi ?

    Répondre moderated
  • Porcher dit:

    Les jeunes kinés qui sortent de l’école ( 5 années après le bac se dirigent vers le libéral, les hôpitaux et CRF . Le salaire n’a pas évolué en 20 ans . Autrefois le salaire et la gestion du temps libre motivaient les kinés en travaillant dans les centres thermaux. Mise en place de la modulation et salaire misérable ont tué la kinésithérapie thermale.

    Répondre moderated
  • Bernadette Boiteux dit:

    A Bagnoles de l’orne il n’y a plus de kinésithérapeute depuis 2021. Il y a eu une possibilité de massages en 2022 moyennant 90 € les 6 séances de 20 mn. Avant cela les kinésithérapeutes venaient principalement de Roumanie. Cette situation est regrettable.

    Répondre moderated
  • HADOUX dit:

    A Vittel en cure nous n’avons plus de kinésithérapeute depuis 2 ans ! et c’est bien dommage car cela est complémentaire avec les soins.

    • Bernard Krebs dit:

      La Kiné en cure est parfaitement inintéressante pour le praticien qui doit agir en 10 minutes… c’est quoi 10 minutes???? Je suis médecin retraité et patient en cure. Il y a un manque de sérieux dans certaines cures dont je tairai le nom par charité… Bagneres de Bigorre frôle la perfection… sauf la Kiné !

      Répondre moderated
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

quatre × 2 =

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.