Adolescents-jeunes adultes une cure pour calmer selon un psychiatre

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 11 décembre 2023 à 09h59 dans

Adolescent assis se tenant la tête entre les mains

L’adolescence est une étape dans la vie qui est faite de bouleversements tant physiques, physiologiques que psychologiques, chacun vis cette phase avec plus ou moins de difficultés. Pour évoquer les bienfaits de la cure thermale adaptée aux adolescents et aux jeunes adultes, l’Officiel du thermalisme donne la parole au Dr Dubois, médecin psychiatre et directeur des Thermes de Saujon.

Par le Dr Olivier Dubois

Le complexe à l’adolescence

Si certains enfants acquièrent une réelle maturité dès cet âge, d’autres passent cette étape avec quelques difficultés. Et pour d’autres encore, cette phase signe la découverte de processus psychiques plus complexes voire pathologiques. Pour eux, la découverte est rude et la présence proche de professionnels spécialisés dans la gestion de ces états est nécessaire. Le taux de suicide d’adolescents se situe autour de 1 000/an et celui des tentatives de suicide des moins de 25 ans, est d’environ 40 000/an.

Les « années Covid » n’ont rien arrangé ! Solitude, anxiété, décrochage scolaire, retard d’accès aux soins ; la santé des jeunes ne manque d’inquiéter. La classe d’âge des 16-25 ans est celle qui a vu son score aux échelles de bien-être, le plus chuter pendant les phases de confinement. L’impact de cette pandémie a été lourd : distanciation et phobie sociale à un âge de construction des relations et de constitution des réseaux ; insomnie (25 %) ; tristesse exprimée quasi-quotidiennement (27 %) et 40 % ont ressenti une fatigue psychique handicapante. L’adolescence est la période de l’existence, hormis la fin de vie, la plus difficile du fait des bouleversements qu’elle entraîne et de la transformation qu’elle impose.

Le problème est complexe : les enfants doivent se détacher de leurs parents. Ils sont pris dans des enjeux affectifs où les codes se modifient. Une triangulation avec des tierces personnes s’impose souvent. La présence de spécialistes qui peuvent répondre aux questions de ces jeunes est souvent nécessaire, de même que de leur proposer des techniques de soins qu’ils pourront réutiliser.

L’intérêt de la médiation corporelle chez l’adolescent

Le soignant représente l’altérité en s’immiscent entre l’enfant et ses parents, et ainsi l’aider au détachement. L’éloignement physique, dans un cadre thérapeutique, est souvent souhaitable pour aider l’enfant à abandonner certaines postures défensives et affectives qui lui interdisent d’accéder au détachement et à l’autonomie, sans culpabilité.

Une autre difficulté rencontrée par l’adolescent est le rapport difficile qu’il entretient souvent avec son corps : qu’il refuse (anorexique) ; dont il a honte (dépression) ; qu’il découvre (anxiété, psychosomatique, etc.) ; qu’il maltraite (tentatives de suicide, etc.)

Une jeune fille assise à côté d'un docteur qui pose ses mains sur ses épaules pour la rassurer

A l’adolescence, le corps est souvent le siège de violences intériorisées ou extériorisées. C’est un objet encombrant, voire inutile. L’adolescent fragile, se refuse souvent au toucher ; il met de la distance ; a peur du contact physique avec autrui. Il découvre la peur, développe des phobies, hésite à se confronter par crainte de la différence.

La balnéothérapie est un moyen thérapeutique utilisé depuis le célèbre médecin Grec Hippocrate (Vème siècle avant J.C.) pour réduire ces sensations physiques si perturbantes. Et il faut toute la douceur de l’eau pour autoriser le jeune à se laisser toucher ; pour laisser son corps s’apaiser ; pour retrouver un peu de ce narcissisme nécessaire pour mieux se supporter.

L’eau agit telle une caresse qui détend et vient modeler le corps. Pour Bachelard (dans « l’eau et les rêves »), l’eau est un par-excitant qui apaise tout état nerveux. Les centres de cure thermale spécialisés en psychosomatique ont mis en place un protocole de soins par balnéothérapie validé par la Caisse Nationale d’Assurance-Maladie.

Ces centres y ont récemment développé une prise en charge adaptée aux adolescents (accompagnés) et aux jeunes adultes. Un forfait thermal spécifique incluant un nombre de soins plus élevé (5 ou 6 /jour) a été validé par la CNAM et donc, pris en charge, dans les stations « psy ». Dans certains de ces centres, se développent, en complément de la balnéothérapie, des approches psychoéducatives individuelles et/ou collectives, essentielles à cet âge pour comprendre les mécanismes psychocorporels qui se jouent.

Objectifs des cures psychosomatiques pour 16-25 ans

  • Réduire ses angoisses psychiques et somatiques
  • Retrouver un sommeil réparateur et un rythme de vie
  • Retarder (ou réduire) la consommation médicamenteuse voire toxique
  • Retrouver, grâce à la douceur de l’eau, accès aux sensations de plaisir et bien-être
  • Se retrouver parmi d’autres jeunes auprès desquels se confier n’est pas honteux
  • Bénéficier d’une prise en charge en groupe qui ouvre vers de nouvelles perspectives
  • Mieux comprendre les mécanismes psychiques qui se mettent en place lorsque les angoisses débordent
  • Acquérir des outils de gestion du stress et des émotions
  • Pouvoir donner une signification aux symptômes perçus
  • S’éloigner d’un cadre familial parfois anxiogène car lui-même porteur d’inquiétude

Toutes plaintes psychiques et/ou psychocorporels, sur plusieurs mois, en particulier sous forme d’angoisses et de somatisations, sont particulièrement indiquées. Il en est de même pour les troubles des comportements alimentaires qui bénéficieront d’une distanciation, du contact avec l’eau et d’une lecture approfondie des souffrances psychiques sous-jacentes. Un autre objectif est d’éviter l’entrée précoce de jeunes dans la consommation médicamenteuse.

À l’inverse, il existe des limites à cette prise en charge : les jeunes présentant des comportements à risque suicidaire, une décompensation toxicomaniaque, une absence d’autonomie (moins de 18 ans non accompagné, fragilité physique excessive, sévérité d’une anorexie mentale, etc.). S’agissant d’un soin remboursé par l’Assurance Maladie, cette prise en charge de 3 semaines est soumise à une prescription par le médecin traitant, le pédiatre ou le psychiatre.

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Source :

  • Contribution du Dr Olivier DUBOIS, Médecin psychiatre et Directeur des Thermes de Saujon, L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2022, p.44-45
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