Psoriasis et cure thermale selon un professeur

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 15 décembre 2023 à 15h33 dans

Femme souffrant de psoriasis sur les genoux et aux coudes

Le psoriasis est favorisé par plusieurs facteurs déclenchant les poussées alliés à une prédisposition génétique. Pour évoquer les bienfaits de la cure thermale sur cette pathologie, l’Officiel du thermalisme donne la parole au Pr Jean BOSSON, Laboratoire TIMC, Université Grenoble Alpes CNRS.

Par le Pr Jean BOSSON

Le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau, qui touche 2 à 3 % de la population générale. Cette maladie est un défi en raison de sa chronicité, et de ses effets négatifs sur la qualité de vie et une prévalence élevée de comorbidités. Ces dernières années, plusieurs avancées thérapeutiques pharmacologiques ont amélioré la prise en charge du psoriasis modéré à sévère, mais certains de ces traitements peuvent avoir des effets secondaires. La cure thermale est considérée comme un traitement d’appoint du psoriasis depuis longtemps, mais sans évaluation objective en l’absence d’essais cliniques randomisés de haut niveau de qualité scientifique.

C’est pourquoi avec le professeur Beylot Barry, spécialiste de dermatologie au CHU de Bordeaux, notre équipe de recherche du laboratoire TIMC, à l’Université de Grenoble Alpes, a soumis le projet de l’étude Psothermes au Conseil Scientifique de l’Association Française pour la Recherche Thermale (AFRETH), qui a sélectionné et financé cette étude.

La méthodologie

Les études visant à évaluer le service médical rendu d’une cure thermale rentrent dans la catégorie des essais cliniques dits pragmatiques. Il ne s’agit pas de tester spécifiquement l’effet thérapeutique de telle ou telle composante d’une cure thermale (par exemple, la qualité thérapeutique de l’eau thermale spécifiquement) mais bien de tester globalement l’ensemble des interventions proposées lors d’une cure thermale (soins thermaux spécifiques, kinésithérapie, éducation thérapeutique, ateliers associés en nutrition, activité physique, etc. ).

L’étude Psothermes est une étude multicentrique, en ouvert (les patients savent bien s’ils sont allés en cure ou non, car il est impossible d’utiliser la méthode du double-aveugle comme avec un médicament). C’est une étude randomisée, ou par tirage au sort : les patients volontaires bénéficiaient, soit d’une cure thermale immédiatement après l’inclusion, soit recevaient les traitements habituels jusqu’aux évaluations de l’étude à 4,5 mois après l’inclusion (groupe témoin).

La cure thermale était proposée dans cinq stations thermales françaises aux programmes de soins standardisés. Les critères d’inclusion étaient les adultes atteints de psoriasis en plaques, avec un indice de qualité de vie en dermatologie (DLQI>10) qui reflète un impact significatif de la maladie dans la vie quotidienne. Il fallait aussi, pour juger de l’effet propre de la cure, que le traitement médical par médicaments soit stable au cours des 6 derniers mois.

Consultation médicale entre un médecin et son patient

Les objectifs

L’objectif principal était une amélioration importante de l’impact du psoriasis dans la vie quotidienne défini par un score DLQI ≤ 10, 4,5 mois après l’inclusion. Nous avons également mesuré l’EQ5D-3L score de qualité de vie générale, le score VQ-Dermato, le stress selon l’échelle de stress perçu (PSS) et les échelles visuelles analogiques (EVA) de la douleur et du prurit.

Entre janvier 2015 et novembre 2018, 128 patients ont été randomisés entre une cure thermale (64) (dans les 34 jours, médiane) ou des traitements habituels (61) jusqu’à l’évaluation à 4,5 mois. Il s’agissait d’une première cure thermale pour 71,2% des patients. Les moyennes du DLQI et du Psoriasis Area and Severity Index (score d’extension du psoriasis) étaient respectivement de 16,7 et 10,5 au début de l’étude.

Les principaux résultats

Les patients en cure thermale immédiate ont atteint l’objectif primaire d’amélioration importante de la qualité de vie liée au psoriasis dans une proportion de 66,1% [IC 95% 52,6%- 77,9%] contre seulement 41,4% [IC 95% 28,6%-55,1%] pour les patients du groupe témoin. Cette différence est cliniquement et statistiquement significative (p = 0,007). Les scores VQ-Dermato et l’EVA du prurit se sont significativement améliorés montrant une diminution de ce symptôme particulièrement gênant dans la vie quotidienne des patients. Les résultats du suivi à 12 mois du groupe de traitement thermal immédiat ont montré une amélioration persistante du DLQI, du VQ-Dermato et du prurit.

La conclusion pour la pratique

Cet essai randomisé et de bonne qualité scientifique, publié en 2022(1) dans une revue médicale internationale, a démontré qu’une cure thermale améliore la qualité de vie et soulage certains symptômes du psoriasis, à court et à long terme. Ces résultats justifient l’intégration des cures thermales (dans les stations avec agrément dermatologique) dans les stratégies thérapeutiques du psoriasis en complément d’une prise en charge médicamenteuse optimale.

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Source :

  • Contribution du Pr Jean BOSSON, Laboratoire TIMC, Université Grenoble Alpes CNRS, L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2023, p.50-51
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