Troubles mictionnels de l’homme selon un chirurgien urologue

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 18 décembre 2023 à 17h23 dans

Homme assis face à un médecin

En France, plus de 20 % des hommes de plus de 50 ans ont des troubles mictionnels, qu’il s’agisse d’envies d’uriner fréquentes ou d’envies impérieuses, difficiles à retenir, d’une faiblesse du jet d’urine ou de levers nocturnes (enquête SOFRES 2003). Pour évoquer la question des troubles mictionnels de l’homme, l’Officiel du thermalisme donne la parole au Pr François Desgrandchamps, Chef du Service d’Urologie et de Transplantation Hôpital Saint-Louis – Université Paris 7.

Par le Pr François Desgrandchamps

L’urine doit passer au milieu de la prostate pour sortir et la responsable de ces troubles mictionnels est la prostate qui, en grossissant avec l’âge, sans qu’il n’y ait de cancer, gêne l’évacuation de la vessie. La vessie se contracte alors plus fort que normalement pour forcer le passage, expliquant les envies fréquentes le jour et la nuit et comme elle n’y arrive pas toujours complètement, le jet devient plus faible. Tous les jours, environ 1 million de Français prennent un médicament pour traiter ces symptômes et environ 1 sur 10 devra être opéré en raison d’une prostate trop grosse.

Les effets bénéfiques des cures thermales sont reconnus dans le traitement des troubles mictionnels de l’homme depuis longtemps. Plusieurs publications en font état, par exemple en 1998 et 2008, montrant en particulier qu’une cure de 3 semaines à La Preste-les-Bains permet d’améliorer la force du jet d’urine et améliore les symptômes urinaires. L’intérêt du traitement des troubles mictionnels de l’homme est relancé actuellement par la meilleure compréhension des causes des troubles mictionnels.

La sédentarité et le surpoids sont deux des facteurs qui favorisent les troubles mictionnels en stimulant l’augmentation de taille de la prostate : il y a un parallèle entre l’augmentation du tour de taille et la taille de la prostate par un mécanisme que l’on appelle le syndrome métabolique. Ce syndrome est dû à l’accumulation de graisse, dont les sécrétions provoquent toute une cascade de désordres biologiques dans l’organisme, comme une hypertension artérielle, un diabète, une hypercholestérolémie et des troubles mictionnels. Par ailleurs, environ un homme sur deux qui a des troubles mictionnels se plaint d’érections de moins bonne qualité, et ces problèmes sexuels sont eux aussi liés au syndrome métabolique.

Homme marchant sur une route

Adopter une meilleure hygiène de vie

En cure thermale pour troubles mictionnels, l’accent est donc mis sur la diététique et l’activité physique avec des ateliers spécifiques autour d’une diététicienne et des exercices quotidiens avec un coach : on sait que marcher 2 à 3 heures par semaine réduit de 25 % les troubles mictionnels et que perdre 10 % de son poids améliore les érections.

Des ateliers de rééducation comportementale sont également organisés. En effet, lorsque les mictions deviennent fréquentes ou impérieuses, et a fortiori quand un épisode de fuite involontaire d’urine s’est produit, le cerveau intègre le besoin d’uriner comme primordial et inconsciemment y pense en permanence, déclenchant des envies encore plus intempestives : c’est par exemple le cas de ces patients qui sont pris d’une envie brutale d’uriner dès qu’ils arrivent chez eux en mettant la clé dans la porte ou appuyant sur le bouton de leur ascenseur. Il faut alors « déprogrammer » le cerveau en apprenant à détourner son attention lorsque l’envie d’uriner survient. C’est le principe de ces ateliers de rééducation comportementale qui sont proposés au cours du séjour en cure thermale.

Il faut aussi apprendre à réguler ses apports hydriques car nombreux sont les hommes qui ont trop d’apport au cours de la journée ou le soir (eau, café, thé, sodas, soupe), ce qui se traduit obligatoirement par des envies d’uriner fréquentes pour éliminer ces excès de boisson.

Consultation médicale entre un médecin et son patient

Réduire l’inflammation

L’inflammation chronique est le mécanisme qui altère les différentes fonctions de l’organisme au cours du vieillissement ; ce mécanisme s’appelle « l’inflammaging ». Au cours des années notre corps n’arrive plus à éliminer tous les déchets qu’il produit, et ces microscopiques particules s’insinuent dans tous les tissus provoquant une inflammation réactionnelle à l’origine des altérations des fonctions. La prostate n’y échappe pas : il y a une relation entre le degré d’inflammation de la prostate et sa taille.

Le second mécanisme, de découverte encore plus récente, concerne le microbiome urinaire. Tout le monde connaît le microbiome intestinal, notre intestin contient des milliards de germes qui interagissent avec notre santé, mais jusqu’à présent, il était convenu que les urines étaient stériles. Des chercheurs ont prouvé le contraire montrant qu’à l’instar de l’intestin les urines n’étaient pas stériles, mais contenaient à l’état normal des quantités infinitésimales de nombreux germes, sans bien sûr que la présence de ces germes n’entraîne de signes d’infection urinaire. Il semble que le type des germes est particulier en cas de prostate volumineuse et se modifie au cours du vieillissement.

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Source :

  • Contribution du Pr François Desgrandchamps, Chef du Service d’Urologie et de Transplantation Hôpital Saint-Louis – Université Paris 7, L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2020, p.48-49
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