Médecine thermale et cancers selon un cancérologue

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 25 décembre 2023 à 09h00 dans

Jeune femme avec un foulard face à une fenêtre

La cure thermale post-cancer proposée aux patients en rémission apporte un accompagnement global pour apaiser le corps et l’esprit. Pour évoquer le rôle de la médecine thermale dans le parcours de soin du patient, l’Officiel du thermalisme donne la parole au Pr Yves-Jean BIGNON, Médecin cancérologue, Directeur scientifique du Centre régional anti-cancer Jean Perrin et Chef du département d’oncogénétique.

Par le Pr Yves-Jean BIGNON

Maimonides (1135-1204) : « Le médecin ne doit pas soigner la maladie, mais le patient qui en souffre ». La médecine thermale s’inscrit dans le « parcours de soin » d’un malade mis en rémission complète de son cancer (défini par l’absence de masse tumorale résiduelle, détectable par imagerie ou biologie à la fin des traitements curatifs du cancer), dans la période appelée « l’après cancer ». Un malade peut alors bénéficier de cures thermales de deux manières.

Il présente :

  • soit une co-morbidité qui justifie un traitement thermal selon les 12 orientations thérapeutiques de la crénothérapie (non traité ici);
  • soit des effets secondaires et/ou des séquelles de ses traitements anti-cancéreux qui justifient une prise en charge médicale.

La médecine thermale dans l’« après cancer » se justifie par :

  • l’altération constante de l’état général et de la qualité de vie des malades ;
  • les nombreux effets secondaires/séquelles ;
  • la prévention tertiaire des cancers ;
  • l’établissement thermal est la structure médicalisée adaptée entre la ville et l’hôpital.

La prise en charge de l’après cancer en établissement thermal

Des établissements thermaux proposent des programmes post cancer (sources personnelles et du Conseil National des Établissements Thermaux). La prise en charge est effectuée :

  • soit sous la forme de mini cures thermales de réhabilitation post cancer sur 1 ou 2 semaines ;
  • soit dans le cadre d’une cure conventionnée au cours de laquelle un programme post cancer spécifique leur est adjoint. Un suivi des malades est habituellement proposé par questionnaires spécifiques, par e-mail ou site internet dédié.

Plusieurs orientations peuvent être proposées aux malades :

  • Prise de poids : l’orientation thérapeutique est « affections digestives – maladies métaboliques » ou éventuellement « rhumatologie »
  • Syndrome anxio-dépressif : orientation thérapeutique « psychosomatique »
  • Lymphœdème : orientation thérapeutique « phlébologie/lymphœdème »
  • Pour les cancers gynécologiques : orientation thérapeutique « gynécologie »
  • Toxicité dermatologique des traitements : l’orientation thérapeutique est « dermatologie »
  • Toxicité muqueuses des traitements des chimiothérapies ou radiothérapies des cancers ORL : l’orientation thérapeutique est alors « affections de la muqueuse bucco-linguale »
  • L’orientation « voies respiratoires » peut être proposée plus volontiers pour les complications pulmonaires des traitements que pour les cancers bronchiques.

Consultation médicale entre un médecin et sa patiente

Plus récemment se sont mis en place des programmes d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) validés par l’Agence régionale de santé, inclus dans les prestations d’une cure conventionnée ou sous forme de mini cures de 6 jours. L’approche méthodologique et la finalité des ETP sont spécifiques car au-delà du séjour thermal éducatif, il s’agit d’établir un plan d’action personnalisé durable pour adopter et maintenir, lors du retour à domicile du malade, une hygiène de vie physique et psychologique.

On citera l’ETP « PACS » (Programme d’Éducation Thérapeutique Après Cancer du Sein), dont l’objectif principal est pour les malades, d’avoir trouvé les solutions pour améliorer durablement leur qualité de vie adaptée à leurs goûts, à leur mode de vie et à leur santé, basé un triple accompagnement psychologique, nutritionnel et d’activité physique. Il y a également l’ETP « Lympho’thermes » pour la prise en charge des lymphœdèmes qui permet l’apprentissage d’auto-soins (vidange ganglionnaire, mobilisation tissulaire, bandages), mais aussi d’hygiène et de vigilance pour réduire le risque de complications infectieuses. Il est remarquable de noter qu’aucun établissement thermal n’a noté d’évènement indésirable lors des prises en charge post cancer.

Une démarche innovante

La prise en charge médicale des malades atteints de cancer dans les établissements thermaux est une démarche innovante qui répond aux attentes des patients, dans le cadre de leur parcours de soins, jusqu’au retour à une qualité de vie la plus optimale possible, en fonction des effets toxiques et des séquelles des traitements subis.

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Source :

  • Contribution du Pr Yves-Jean BIGNON, Médecin cancérologue, Directeur scientifique du Centre régional anti-cancer Jean Perrin et Chef du département d’oncogénétique, L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2017, p.48-49

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