Une prise en charge globale pour répondre aux challenges de la médecine selon un médecin du sport

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 29 décembre 2023 à 09h00 dans

Couple de curistes en activité dans une piscine

L’activité physique offre des bienfaits tant physiques que mentaux constituant ainsi un pilier dans la prévention. Pour évoquer la question de la prise en charge, l’Officiel du thermalisme donne la parole au Pr Martine Duclos, CHU Clermont-Ferrand, Service de Médecine du Sport, Université Clermont Auvergne.

Par le Pr Martine Duclos

L’évolution de la médecine vers la prévention

Aujourd’hui l’activité physique est une thérapeutique à part entière dans la prise en charge des maladies chroniques, soit en première intention, soit associée aux médicaments. Ainsi, l’expertise collective INSERM 2019 (« Activité physique : prévention et traitement des maladies ») a conclu qu’il n’y avait plus de doute sur les effets de l’activité physique en prévention primaire, secondaire et tertiaire.

Par ailleurs, la loi de santé a pour objectif d’orienter progressivement notre médecine de soins vers une médecine de prévention. Ce qui représente un véritable défi compte tenu de notre système de soins et du changement de comportement que cela implique à la fois au niveau des médecins, des professionnels de santé, mais aussi pour les individus.

La cure thermale comme solution thérapeutique pour les maladies chroniques

Le thermalisme peut aider à répondre à ces nouveaux défis. D’abord chez les personnes ayant une maladie chronique. En milieu thermal, les curistes peuvent bénéficier d’une prise en charge globale associant activité physique, diététique et un ensemble de soins thermaux adaptés à leur(s) pathologie(s), et ceci dans un moment long consacré uniquement à eux et à leur prise en charge.

Il est rare dans la vie d’un patient ayant une maladie chronique de pouvoir consacrer une période de trois semaines à s’occuper de soi et de son mode de vie, et ceci dans un cadre privilégié, loin des contraintes familiales, professionnelles ou autres. La plupart des maladies chroniques dont la population occidentale est affectée sont des maladies de civilisation (obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, certains cancers…), c’est-à-dire qu’elles sont favorisées par notre mode de vie associant une activité physique insuffisante, des comportements sédentaires prolongés (temps passé assis entre le lever et le coucher : temps de transport passif, temps de travail assis, temps de loisirs derrière les écrans), une alimentation trop riche en produits ultra-transformés, en graisses, sel et sucres rapides, le stress, voire la pollution… Il ne s’agit donc plus de maladies infectieuses et transmissibles qui nécessitaient au début du siècle précédent un isolement pendant de longs mois. Notre mode de vie s’est mécanisé à l’extrême et nos gènes ne sont pas adaptés à cette vie inactive soumise à une alimentation excessive et ultra-transformée.

Couple de curistes en peignoir au bord d'une piscine

En trois semaines de cure, les grandes règles de modification du mode de vie peuvent être expliquées, mises en pratique, et leurs effets bénéfiques expérimentés. En effet, plus que l’activité physique seule ou la nutrition seule, ce qui est efficace c’est une prise en charge combinée de l’activité physique, de la nutrition et, si possible, du tabagisme. Reste à maintenir ce mode de vie au retour à domicile. Plusieurs études sont en cours pour montrer que c’est bien le cas après une cure thermale, et ceci jusqu’à cinq ans pour certaines d’entre elles (après un cancer du sein).

Vers une médecine préventive avec le thermalisme

Enfin, pour la prévention primaire (agir avant le développement de la maladie), le thermalisme offre un cadre dédié avec des professionnels formés pour une prise en charge multidisciplinaire et globale permettant une reprise de l’activité physique et une nutrition équilibrée, tout en améliorant le bien-être par les soins thermaux. Dans les années à venir, le thermalisme aura à jouer le challenge de la médecine 4P (prédictive, personnalisée, préventive, participative), ce qui permettra d’affiner la prise en charge aux risques personnels des individus, tout en les rendant actifs dans leurs comportements de santé. Grâce à la prise en charge globale qu’elle propose (activité physique, nutrition équilibrée, bien-être par les soins thermaux), la médecine thermale est prête à répondre à ces nouveaux challenges sociétaux.

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Source :

  • Contribution du Pr Martine Duclos, CHU Clermont-Ferrand, Service de Médecine du Sport, Université Clermont Auvergne, INRA, UNH, Unité de Nutrition Humaine, CRNH Auvergne, L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2020, p.61-62
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