Personnalité thermale du mois : Martine Duclos, professeure en médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand et chercheuse en médecine thermale

Par Julie Paysant
Publié le 6 mai 2024 à 14h16 dans

Martine Duclos, interview officiel du thermalisme ©E. Begouen Inserm

Martine Duclos ©E. Begouen Inserm

Chaque mois, une personnalité du monde médical, politique, sportif ou culturel, nous raconte son lien avec le thermalisme. En mai, c’est Martine Duclos, professeure et responsable du service de Médecine du Sport et des explorations fonctionnelles au CHU de Clermont-Ferrand.

Pour cette présidente du comité scientifique de l’Onaps (Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité) et conseillère scientifique auprès du ministère chargé des sports, il est nécessaire de faire connaitre au plus grand monde les bienfaits de l’activité physique sur la santé. Et notamment ceux de l’activité physique adaptée (APA) qui est proposée dans les établissements thermaux dans une perspective de réadaptation et de prévention santé. Pour ce faire, elle multiplie les interventions auprès des médias et du public et les contributions dans des revues médicales renommées. Rencontre. 

L’Officiel du Thermalisme : C’est quoi pour vous le thermalisme ? 

 C’est une prise en charge holistique utilisant les propriétés des eaux thermales dans un programme de soin personnalisé et dans un cadre favorable au repos mental, psychologique et physique. 

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Comment le thermalisme est-il entré dans votre vie ? 

 Quand je suis arrivée à Clermont-Ferrand, région riche en stations thermales, il y a une quinzaine d’années, j’ai très rapidement participé à un appel d’offres de l’Association française pour la recherche thermale (AFRETh). L’objectif étant d’étudier, en collaboration avec 12 établissements thermaux répartis dans toute la région, l’impact d’une prise en charge en cure thermale de trois semaines sur le mode de vie. Nous avons étudié les effets de la cure sur l’augmentation de l’activité physique et la baisse de la sédentarité. Nous avons montré que ces effets se maintenaient notamment jusqu’à un an postcure. Ces observations étaient très intéressantes et mettaient en évidence que la cure a des effets qui se prolongent dans le temps.

La prise en charge en cure thermale, multidisciplinaire et complète, est très intéressante pour moi qui travaille, entre autres, sur le mode de vie. Le séjour en station thermale favorise la rupture avec le mode de vie, ce qui aide pour la mise en place de changements à court terme. Ce qui pose souvent le plus de problèmes, c’est le maintien sur le long terme de ces modifications d’habitudes de vie (activité physique adaptée, sédentarité, nutrition). 

Quels sont les plus grands bienfaits d’une cure thermale ? 

 Cela dépend de la cure et de ce pour quoi vous la faites ! Le bienfait majeur est d’être coupé de son milieu de vie quotidien. Ainsi, la cure permet de diminuer le stress et de prendre du temps pour soi. Cela permet aussi d’avoir un temps de sommeil suffisant, d’avoir une nutrition équilibrée et de bénéficier de soins pour sa ou ses pathologies.

Sur les sites thermaux, situés le plus souvent dans des lieux magnifiques, le cadre est propice aux activités physiques à l’extérieur. Sans compter que le curiste est entouré de professionnels de santé et bénéficie d’une prise en charge globale très importante pour sa santé physique, mentale et sociale. Je précise « santé sociale » car les affections de longue durée peuvent parfois isoler le patient. 

Que répondriez-vous à quelqu’un qui ignore ce qu’est l’activité physique adaptée (APA) et qui vous demande de lui expliquer ? 

 Tout d’abord, gardons à l’esprit qu’il ne faut pas confondre sport et activité physique. L’APA est une activité physique qui est adaptée à la condition physique de l’individu. C’est-à-dire à ses capacités physiques d’endurance et de force, à son état de santé et à sa ou ses pathologies. Nous partons du niveau de forme du patient en prenant en compte ses éventuelles limitations (articulaires, cardiovasculaires) et sa capacité d’évolution. En effet, tous les patients sont capables de progresser. C’est donc supervisé, individualisé, progressif et évolutif. Le patient est tout d’abord vu par le médecin (généraliste ou spécialiste) puis le programme d’APA est réalisé par un professionnel formé à l’APA ou un kinésithérapeute.  

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Que diriez-vous à un patient qui souffre de pathologies rhumatismales et/ou cardiaques et qui hésite à faire de l’APA ? 

Je lui expliquerai que dans ces deux indications, comme dans toutes maladies chroniques, l’APA fait partie du traitement à part entière. Dans le cas des pathologies rhumatismales, l’APA diminue la douleur et augmente les capacités fonctionnelles. De même, dans le cadre des maladies cardiovasculaires, l’APA réduit le risque des récidives de la pathologie et diminue les facteurs de risques. Le patient va très vite en ressentir les bénéfices, à la fois physiques, psychiques et sociaux.  


Sources :  Entretien exclusif avec Martine Duclos, le 16 avril 2024 

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