Le parcours des aidants : de la pression professionnelle aux vertus de la cure thermale

Par Betty Simenon
Publié le 3 octobre 2023 à 18h06 dans

En France, le rôle crucial des aidants dans le tissu socio-professionnel s’affirme de jour en jour. Confrontés à des réalités complexes, alliant responsabilités familiales et professionnelles, ces millions de salariés jonglent entre des impératifs souvent contradictoires. Des solutions existent comme la cure thermale. Décryptage.

Être un aidant n’est pas un rôle simple. Qu’il s’agisse d’un parent, d’un conjoint, ou d’un enfant, le quotidien est souvent rythmé par une multitude de responsabilités, allant de la gestion des soins médicaux à l’assistance dans les tâches ménagères. Cette lourde charge n’est pas sans conséquences : elle peut impacter la santé mentale, physique et sociale de l’aidant, sans parler des conséquences professionnelles. D’après le baromètre « Aider & Travailler 2023 », l’augmentation prévue des aidants en France pourrait atteindre 25 % des salariés d’ici 2030 et démontre l’enjeu majeur que pose la question de la prise en charge effective de leur bien-être.

L’équilibre fragile : travail, aide et bien-être

Entre 8 et 11 millions d’aidants maillent le territoire, s’insérant dans tous types d’entreprises, quel que soit leur effectif. Pour analyser le phénomène, Interfacia, spécialiste du management de l’aidance en entreprise, en partenariat avec Tilia, start-up dédiée aux aidants, le Groupe VYV, acteur mutualiste de santé et de protection sociale, l’ANPP, association pour la bonne pratique des Pôles Territoriaux et des Pays et Le Lab RH, association pour la transformation  numérique des entreprises, réalisent pour la troisième fois un baromètre « Aider & Travailler ». Ce baromètre vise à cartographier et mesurer l’impact de l’aidance pour les employeurs et les employés. Pour se faire, ils ont mené l’enquête avec plus d’une centaine de questions posées entre 5 avril et 16 juin 2023, auprès de plus de 500 actifs aidants, anciens aidants, managers et collègues d’aidants, ainsi que pour la première fois des responsables RH.

Les chiffres du baromètre 2023 traduisent une répartition équilibrée entre les femmes et les hommes, avec une légère prédominance féminine (52 %). Toutefois, lorsqu’un focus se pose sur la situation des aidants hors du monde du travail, un écart se dessine. Parmi les aidants sans emploi, les femmes représentent une majorité de 64 %. Une disparité qui met en lumière un défi majeur auquel sont confrontés les aidants : concilier vie professionnelle et responsabilités d’aidant. En effet, 26 % des aidants optent pour un travail à temps partiel, une décision souvent dictée par la contrainte et non par le choix, comme le révèle l’enquête. De plus, un tiers d’entre eux témoignent avoir été contraints de quitter leur emploi à cause de leur rôle d’aidant. La gravité de cette situation semble encore exacerbée lorsque près de la moitié mentionnent des difficultés à retrouver un emploi.

Par ailleurs, si ces aidants ne demeurent pas silencieux dans leur milieu professionnel, la reconnaissance demeure un parcours difficile. Le baromètre démontre ainsi que trois quarts des aidants ont discuté de leur situation avec des collègues ou des supérieurs, cherchant à trouver un équilibre entre travail et aidance. Cependant un sentiment d’impact négatif ressort dans le baromètre avec 66 % estimant que leur rôle d’aidant pèse défavorablement sur leur travail. Qu’il s’agit de pondérer puisque les répondants évoquent une perception positive de leur situation, notamment grâce au télétravail et à des dispositifs d’accompagnement plus adaptés, permettant une meilleure conciliation entre vie professionnelle et rôle d’aidant.

Quelles solutions pour les aidants ?

Face à la croissance du nombre d’aidants en France, comme le démontrent le baromètre « Aider & Travailler 2023 », diverses solutions holistiques ont émergé pour offrir un répit à ceux qui prennent soin d’un proche en situation de dépendance. Sachant qu’une approche holistique est encouragée pour aider les aidants à équilibrer travail, responsabilités familiales et bien-être personnel.

Le droit au répis, une solution gouvernementale

Le droit au répit pour proches aidants, a été instauré par loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Il concerne ceux qui aident au quotidien des proches, âgés, malades ou encore dépendants : un conjoint (marié ou PACSé), un parent (fils et filles, nièces et neveux, cousins…), ou un voisin, un ami, ou toute personne résidant avec la personne dépendante.

médecins en blouse hommes femmes aidants une personne agee

Diverses solutions sont ainsi mises à disposition des aidants pour offrir un répit face aux exigences de prendre soin d’un proche dépendant. Parmi elles, on compte :

  • Solutions extérieures au domicile. La France propose des structures médico-sociales offrant un accueil de jour ou de nuit, adaptées à des patients variés. Ces structures permettent un répit, que ce soit pour une demi-journée, une journée entière ou même pour des durées nocturnes. Dans des situations urgentes, certaines admissions peuvent se faire sans notification formelle.
  • Hébergements temporaires. Il est possible pour les aidants de solliciter un hébergement temporaire pour leur proche. Ceci peut se faire dans divers établissements médico-sociaux, tels que les IME, FAM, hôpitaux ou Ehpad. Une notification de la CDAPH est généralement requise, sauf en cas d’urgence.
  • Hébergement en famille d’accueil ou Maison de répit. Certains choisissent d’opter pour un hébergement dans une famille d’accueil ou une maison de répit. Ces établissements, souvent médicalisés, offrent un environnement sécurisé pour les proches en situation de handicap ou maladie.
  • Solutions de soutien à domicile. Pour ceux qui préfèrent maintenir leur proche à la maison, des solutions comme le baluchonnage, le répit à domicile, ou encore une aide nocturne sont disponibles. Ces services visent à alléger la charge des aidants tout en garantissant des soins de qualité.
  • Des vacances adaptées. Pour les aidants souhaitant partir en vacances tout en s’assurant que leur proche est bien pris en charge, il existe des séjours adaptés. Plusieurs organismes tels que l’ANCV, l’UFCV ou la CAF offrent des programmes pour des vacances adaptées.

Comment et où faire une demande ? Tout aidant peut solliciter ces solutions de répit. Pour ce faire, il est recommandé de se rapprocher des plateformes d’accompagnement, de la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) locale, des Centres communaux d’action sociale (CCAS), du Centre local d’information et de coordination gérontologique (Clic) ou de consulter les annuaires spécialisés pour plus d’informations.

La cure thermale : une solution de santé adaptée

Une autre solution est celle proposée par les centres thermaux ; lesquels, par leur expertise de la santé et des maladies chroniques, peuvent accompagnés les aidants avec des prises en charge adaptées. En effet, au-delà des bénéfices thérapeutiques de la cure thermale, certains proposent des programmes spécifiquement conçus pour les aidants.

Façade Grands Thermes Bagnères-de-Bigorre

Le centre thermal de Bagnères-de-Bigorre propose un séjour « Quiétude » dédié aux aidants

Ces séjours offrent non seulement une pause physique et mentale, mais aussi l’opportunité d’échanger avec d’autres aidants, de partager des expériences et de bénéficier de conseils pratiques. Le cadre apaisant des stations thermales, allié aux soins spécifiques, permet aux aidants de se ressourcer, de réduire leur stress et de repartir avec une énergie renouvelée pour affronter leur quotidien.

Certains établissements ont d’ailleurs développé des programmes, adossés ou pas à une cure conventionnée de 18 jours, pour répondre à leurs besoins :

A noter que ces différents programmes ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale comme l’est une cure thermale conventionnée prescrite par un médecin généraliste ou spécialiste.

Par ailleurs, il convient de souligner que le 6 octobre est consacré à la célébration des aidants en France avec une journée nationale qui leur est dédiée. Cet événement annuel est porteur de diverses initiatives à travers le pays, ayant pour ambition majeure de rompre l’isolement de ceux qui se dévouent au bien-être d’autrui.

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Source :

  • Baromètre aider & travailler 2023, Inclusion professionnelle des aidants et management de l’aidance, Interfacia, septembre 2023
  • Les solutions de répit pour les aidants, monparcourshandicap.gouv.fr

2 commentaires

  • Pautric dit:

    Bonjour, je me reconnais complètement dans votre article car j’ai perdu mon travail dans la fonction publique (ex-cadre A) après avoir accueilli Maman chez moi (86 ans-maladie neurodégénérative).
    J’ai d’abord, dans les premiers jours, demandé à mon BRH quelles étaient les solutions administratives possibles pour une absence, le temps de trouver une place en « accueil de jour ». Je n’ai reçu aucune réponse !
    J’ai même demandé si un congé sans solde était envisageable, pas de réponse non plus, me laissant en absence non justifiée « forcée ». Télétravail refusé bien sûr ! ( C’était avant le COViD….).
    Puis, après avoir réussi à trouver un accueil de jour de 3 jours/semaine, ( ce qui a pris au moins 2 mois), j’ai repris mon travail a mi-temps, pour pouvoir coller avec les horaires de l’AJ.
    Mais au travail ce n’était plus pareil. On m’a changé de bureau pour un espace partagé, on ne m’a plus confié de dossiers importants.
    Puis , financièrement, c’est devenu rapidement difficile avec mon loyer. Je n’obtenais pas de mutation dans le département où se situait ma maison de famille, j’ai rapidement perdu pied.
    Aucune aide psychologique, que des réprimandes de mon supérieur.
    Je n’ai pas pu faire autrement que de quitter mon travail par voie de radiation des cadres pour pouvoir continuer à m’occuper de ma mère dans notre maison. Je me suis retrouvée au chômage à 58 ans!
    Et l’année d’après, mais trop tard pour moi, hélas, était adopté le congé proche aidant!

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  • Catherine Nicosia dit:

    Bonjour,
    C’est sympa de proposer des cures aux aidants , par contre vous ne proposez pas de personnel pour les personnes handicapées qui viennent en cure donc , si j’ai bien compris ils doivent être accompagné d’un aidant , qui doit alors aussi payer son séjour ;(((
    Pas simple

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