Le rôle du médecin thermal en stations selon un rhumatologue

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 20 novembre 2023 à 16h34 dans

Patient en consultation face à un docteur tout deux assis de chaque côté d'un bureau

Le médecin thermal agit en tant qu’intermédiaire entre la prescription médicale initiale et la mise en œuvre des soins adaptés. Il est chargé d’évaluer les indications, de repérer les contre-indications et de prescrire avec précision les traitements thermaux, pour maximiser les bienfaits de la cure thermale. Pour évoquer le rôle du médecin thermal, l’Officiel du thermalisme donne la parole au Dr Desfour, rhumatologue et médecin thermal à Balaruc-les-Bains.

Par le Dr Hugues Desfour

La cure thermale est un acte médical. Elle est prescrite par le médecin traitant ou le spécialiste et c’est le médecin thermal qui assure sa mise en œuvre. Son premier rôle est donc d’être l’intermédiaire entre le médecin prescripteur et l’établissement thermal qui réalisera les soins.

Un relais médical complet

Lors de la consultation initiale, le médecin thermal va ainsi s’enquérir du motif de cette cure et de son contexte médical. Avec l’aide de la lettre du médecin prescripteur, des dernières ordonnances, des différents bilans biologiques ou radiologiques, il vérifiera l’indication (ou la non-indication) de cette cure et l’absence de contre-indications à la réalisation des soins. Pour optimiser cette étape essentielle au bon déroulement de la cure, un questionnaire pré-cure (QPC) a été élaboré à la station de La Léchère. Ce questionnaire, destiné au curiste et envoyé lors de la réservation de la cure, peut être rempli par le curiste lui-même ou par son médecin traitant, et donne des précisions quant au motif de la cure, des traitements en cours, des antécédents médicaux et chirurgicaux, et de la liste des documents à apporter lors de la consultation. La généralisation de ce QPC est à l’étude.

En fonction de tous ces éléments, le médecin thermal va devoir rechercher d’éventuelles contre-indications. Celles-ci peuvent être absolues, lorsque l’état de santé du curiste est incompatible avec le déroulement d’une cure. Cela concerne les altérations importantes de l’état général, les défaillances viscérales sévères, les maladies malignes non contrôlées, les insuffisances cardiaques décompensées, les troubles du comportement ne permettant pas les soins en collectivité. Les déficits immunitaires, qu’ils soient liés à la pathologie ou aux traitements (chimiothérapie, immunosuppresseurs, biothérapies), sont à discuter selon le niveau d’immunodépression.

De même, les états infectieux aigus (érysipèle par exemple) ou inflammatoires (poussée d’arthrite) constituent des contre-indications aux soins thermaux. Il existe toutefois des contre-indications relatives, qui vont permettre le déroulement de la cure grâce à un aménagement des soins : il s’agit essentiellement des situations de handicap moteur ou sensoriel, sous réserve que l’établissement thermal soit en capacité de les prendre en charge. Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer à un stade débutant entrent dans ce cadre.

Définir des soins adaptés

Le médecin thermal va ensuite procéder à la prescription de l’ordonnance de cure, c’est-à-dire définir les soins thermaux dont bénéficiera le patient. Depuis la réforme du thermalisme en 1997, il existe une organisation forfaitaire des soins, chaque forfait comprenant 72 soins pour l’orientation principale et, en cas d’orientation secondaire, 36 soins supplémentaires. Dans certaines orientations, le médecin thermal va réaliser lui-même certains soins, dans le cadre des Pratiques Thermales Complémentaires (PTC). Le guide des bonnes pratiques thermales, élaboré par le Syndicat National des Médecins Thermaux (SNMTh), détaille pour chaque orientation les différents soins thermaux. En préambule, il rappelle qu’au même titre que ses particularités géographiques, géologiques, climatiques, hydrologiques ou culturelles, chaque station thermale se distingue par le plateau technique de son centre de soins et par ses manières de délivrer les traitements thermaux. Si cette grande variété est un des aspects originaux du thermalisme, reste que tous les établissements thermaux sont tenus, par convention, à assurer l’exécution de la prescription médicale conformément au traitement type reconnu.

Optimiser la guérison

À l’occasion des consultations durant le séjour thermal (3 consultations sont obligatoires conventionnellement), le médecin thermal va assurer la surveillance clinique, permettant d’adapter éventuellement les soins initiaux. Ces consultations permettent également de prévenir le risque sanitaire inhérent aux soins thermaux. Grâce notamment à des réseaux sentinelles mis en place dans de nombreuses stations, le médecin thermal joue en effet un rôle central dans l’animation de la lutte contre les risques sanitaires en cure, le recueil d’informations cliniques étant le complément naturel indispensable de l’approche bactériologique. En fin de cure, le médecin thermal va faire le bilan médical du séjour en rédigeant un courrier au médecin traitant pour décrire les soins thermaux prescrits, et faire des propositions d’objectifs de santé et thérapeutiques. Ce lien est essentiel pour ancrer la cure dans le parcours de soins.

Encourager le patient à l’éducation de sa santé

Les autres fonctions du médecin thermal s’inscrivent dans une démarche de partenaire de l’établissement, avec une participation active à la qualité technique des soins thermaux, à la formation du personnel soignant, ou encore à des études scientifiques observationnelles voire randomisées. Enfin et plus récemment, des sessions d’éducation thérapeutique du patient (ETP) ont été mises en place dans de nombreuses stations. Cette démarche novatrice réhabilite l’image de la médecine thermale dans son ensemble et conduit à l’organisation d’un autre mode de travail : le médecin devient coordonnateur de soins, gestionnaire d’une équipe pluridisciplinaire. L’ETP redonne du sens à la cure dans le cadre d’une démarche de santé globale, dont le médecin thermal est l’acteur essentiel.

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Source :

  • Dr Hugues Desfour, Vice-Président du Syndicat National des Médecins Thermaux (SNMTh), L’Officiel du Thermalisme, le guide de la cure thermale, édition 2016, p.48-49
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