Les avancées de la médecine thermale en 2023

Par Julie Paysant
Publié le 19 décembre 2023 à 15h21 dans ,

Docteurs et spécialistes en réunion pour mettre en commun des résultats d'une étude clinique

Quatre études scientifiques menées sous la houlette de l’association Française pour la Recherche Thermale (AFRETh) ont été publiées en 2023 dans des revues médicales internationales. Des publications dans des domaines aussi variés que la détection des fragilités, l’éducation thérapeutique des patients souffrant d’arthrose du genou, le coaching digital et l’usage de soins à base de boue, lesquelles viennent appuyer la preuve scientifique des bienfaits de la cure thermale. Décryptage.

La recherche thermale vise à évaluer les bénéfices cliniques du thermalisme. En effet, à l’instar de tout traitement médical, la médecine thermale doit démontrer, via des critères scientifiques définis par l’Académie nationale de médecine, les bénéfices santé qu’elle est en mesure d’apporter aux patients. Cette démonstration s’opère depuis 2004 par l’association Française pour la Recherche Thermale (AFRETh).

A ce jour, selon un communiqué de l’association, « 20 études cliniques ont été menées à leur terme et publiées dans des revues internationales de langue anglaise avec facteur d’impact (16 publications au total) et 4 sont en cours de publication ou de traitement des données, 9 études sont en cours de réalisation. » Des études qui cliniques qui illustrent le SMR (Service Médical Rendu) ou le SMER (Service Médico-Économique Rendu) par la cure thermale. Dans ce même communiqué, l’AFRETh rappelle également qu’elle « a toujours cherché à réaliser des études cliniques avec tirage au sort et comparateur (essai contrôlé randomisé : ECR) attachant une attention toute particulière, à la puissance statistique, à l’analyse en intention de traiter, à l’utilisation de critères de jugement pertinents, validés et quantifiables. » Parmi ces publications quatre l’ont été en 2023 : Consultation Prévention Santé, GETT2, Thermactive et T2BT.

L’établissement thermal : un cadre clinique idéal pour repérer les fragilités

Dans quelle mesure les établissements thermaux peuvent-ils repérer les vulnérabilités chez les séniors ? C’est en voulant répondre à cette question que deux gériatres, les Drs Jeandel et Hanh du CHU de Montpellier, ont réalisé une enquête sur 197 volontaires âgés en moyenne de 73 ans et répartis dans 7 centres thermaux français.

En interrogeant ces participants puis les médecins les encadrant en établissements, ils ont mis en évidence que 57 % d’entre eux étaient considérés comme fragiles et 13,2 % en état pré-fragile. Les critères de fragilité étaient les troubles de la mobilité, les problèmes nutritionnels, le poids, la tendance à la dépression ou encore la survenue rapide de fatigue.

Ces résultats de cette étude « consultation prévention santé » suggèrent donc que les établissements thermaux peuvent mettre en place des évaluations gériatriques pour dépister les fragilités. Un point de départ nécessaire pour initier la mise en place de traitements préventifs ou curatifs. Cette étude consultation Prévention Santé a été publiée dans le Journal of ageing research and lifestyle en février 20223.

Arthrose du genou : des ateliers pédagogiques en complément de la cure

En France, 250 000 personnes réalisent chaque année une cure thermale pour soulager les symptômes liés à l’arthrose. Dans 30 % des cas, ce sont les genoux qui sont atteints. On parle alors de gonarthrose.

En septembre 2009, l’étude Thermarthrose, menée sur deux ans, avait déjà démontré  que plus de 25 % des curistes présentent moins de douleurs et une fonction améliorée après une cure thermale comparativement aux patients bénéficiant des traitements habituels.

Pour aller plus loin, l’équipe du Pr Emmanuel Coudeyre du service de médecine physique et de réadaptation du CHU de Clermont-Ferrand, a voulu mesurer, chez 250 patients souffrant de gonarthrose et âgés de 50 à 75 ans, le bénéfice d’un programme éducatif associé à une cure thermale conventionnelle.

Le groupe expérimental bénéficiait de 18 jours de cure et de six ateliers éducatifs (connaissance de la pathologie, exercices physiques, nutrition, gestion de la douleur et de la fatigue, ergonomie articulaire, conseils médicaux) tandis que le groupe témoin réalisait simplement sa cure thermale de 18 jours comme à l’accoutumée. Les observations sur une année de suivi ? Les ateliers pédagogiques permettent aux patients d’augmenter leurs chances d’atteindre leurs objectifs définis initialement (mobilité dans la vie de tous les jours, perte de poids, activité physique) et leur qualité de vie. Cette étude nommée GETT2 a fait l’objet d’une publication dans BioMed Central, en février 2023.

Médecin expliquant l'arthrose du genou à un patient

Le coaching digital, un outil efficace pour se motiver à bouger plus

Le manque d’activité physique et les comportements sédentaires sont les principaux facteurs de risque de maladies non transmissibles comme le diabète et l’obésité. Pour évaluer l’efficacité d’un coaching sportif digital, des chercheurs, encadrés par le Dr Martine Duclos du CHU et de l’Université d’Auvergne de Clermont-Ferrand, ont comparé deux groupes de curistes âgés en moyenne de 62 ans.

L’un recevant un programme d’activité physique sur son smartphone et le second, le groupe témoin, recevant les conseils habituels sur la poursuite des activités physiques lors du retour à domicile. Bilan après 12 mois ?  La proportion de patients ayant respecté le programme d’activité physique dans le groupe expérimental était 14% supérieur au groupe témoin. Concernant la qualité de vie, le score était 5% plus élevé dans le groupe d’intervention que dans le groupe témoin. Cette étude Thermactive a été publiée dans le Journal of Medical Internet Research, en mai 2023.

Des boues argileuses sans danger

En France, on estime que 6 millions de traitements à base de boue thermale sont pratiqués chaque année sur 400 000 patients. Le baryum, un métal alcalino-terreux, est présent dans les compresses de boues thérapeutiques déposées sur la peau. Une surexposition à cet oligo-élément non essentiel peut entrainer des dysfonctionnements au niveau du cœur et du système respiratoire.

Pour s’assurer de la non-diffusion du baryum dans l’organisme, des chercheurs de l’Institut du thermalisme de Bordeaux, Sébatsien Labarthe, Karine Dubourg, Jérôme Dimet, encadrés par le Dr Frédéric Bauduer, ont mesuré le baryum dans le sang et les urines de 24 volontaires ayant réalisé un traitement à base d’argile riche en baryum pendant trois semaines. Sans ambiguïté, les scientifiques ont mis en évidence qu’il n’y pas de risque de surexposition au baryum chez les patients recevant une pélothérapie. Cette étude T2BT  a été publiée dans l’International Journal of Biometeorology, en décembre 2023.

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Sources :

  • Communiqué de presse, CNETH, 8 novembre 20223
  • Etude consultation Prévention Santé, Journal of ageing research and lifestyle, consulté le 15 décembre 2023
  • Etude GETT2, BMC, consulté le 15 décembre 2023
  • Etude Thermactive, Journal of Medical Internet Research, consulté le 15 décembre 2023
  • Etude T2BT, International Journal of Biometeorology, consulté le 19 décembre 2023
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