Le Thermalisme infantile

Par L'Officiel du Thermalisme
Publié le 29 janvier 2018 à 15h36 dans

Pour certaines affections enfantines, notamment les infections des voies aériennes supérieures et les manifestations allergiques cutanées, la médecine thermale est un recours thérapeutique et éducatif pour une meilleure prise en charge globale de la pathologie.

Les maladies chroniques chez l’enfant sont légitimement perçues comme injustes et traumatisantes. Au-delà des soucis familiaux d’organisation au quotidien et de l’aspect gênant pour le petit patient, la maladie ancre souvent le jeune dans un repli sur lui qui loin de faire reculer la pathologie favorise les crises et l’exclusion. Le thermalisme est dans ce cas précis, un apport incontestable à la santé publique. Une des difficultés cependant est de faire coïncider les différents « temps » : le temps de la maladie, le temps scolaire et celui de la famille. Les solutions d’hébergement dans les M.E.C.S (maisons d’enfants à caractère sanitaire) s’étant considérablement réduites ces dernières années obligent les familles à s’organiser pour optimiser le séjour thermal de l’enfant.   

Le thermalisme infantile est une solution thérapeutique utile dans les quatre orientations suivantes :

DER (dermatologie) : dermatoses allergiques, dermatite atopique, eczéma, urticaire, psoriasis, suites et séquelles de brûlure, acné plus ou moins sévère et invalidant.

VR (voies respiratoires) : asthme (allergique ou non allergique), bronchites récidivantes, allergies respiratoires (asthme et équivalent d’asthme, toux spasmodiques, trachéites, rhinites allergiques, rhinoconjonctivites, sinusites allergiques), infections ORL (pharyngites, rhinopharyngites chroniques, sinusites récidivantes, otites séromuqueuses, otites infectieuses).

TDE (troubles du développement de l’enfant) : énurésie (à partir de 6 ans), surpoids et obésité, hyperactivité de l’enfant.

GYN (gynécologie) : les dysménorrhées, les endométrioses.

Traiter l’asthme chez l’enfant

L’asthme touche en France plus de 10 % des enfants scolarisés, ce qui en fait la première maladie chronique de l’enfant. Au-delà des conséquences sociaux-économiques qui en découlent (retards scolaires, hospitalisations, consultations à répétition), c’est la précocité de son apparition et sa sévérité qui interpellent tant elles ont augmentées ces dernières années.

Le choix de la station appartient au médecin prescripteur ; Il est fonction des symptômes présentés par l’enfant. Selon le profil pathologique du petit malade, on utilisera plutôt tel type d’eau plutôt qu’une autre. Ainsi les eaux bicarbonatées sodiques arsenicales conviennent mieux au terrain allergique et les eaux sulfurées, au facteur infectieux.

Dans l’orientation « Voies Respiratoires », les techniques thermales permettent la mise en contact et la pénétration des principes actifs du produit thermo-minéral au niveau de la muqueuse respiratoire.  Les techniques de détersion ORL, lavages de nez ou irrigations nasales, les techniques d’hydrothérapie locale sous forme d’inhalations individuelles ou collectives, de humages, d’aérosols sont adaptées selon l’âge de l’enfant et modulées dans la durée. Tous ces soins sont expliqués à l’enfant de façon simple pour qu’il comprenne le traitement et qu’il se l’approprie. Ainsi, l’école de l’Asthme, centre agréé par l’ARS (Agence Régionale de Santé) de l’Auvergne permet de répondre au mieux aux plaintes exprimées par l’enfant (ne pas pouvoir faire de sport, être souvent fatigué, passer de mauvaises nuits) et favorise les échanges au rythme de un par semaine, en individuel ou en groupe de 6 à 8.  C’est cette prise en charge globale qui fait la réussite thérapeutique du thermalisme infantile dans l’asthme pour l’enfant et le succès durable de ses actions de prévention.

Traiter les affections cutanées de l’enfant

Les principales pathologies traitées par la crénothérapie sont l’eczéma, le psoriasis et marginalement, les séquelles de brûlures et l’ichtyose. Psoriasis et eczéma ont un point commun : ils entrainent de nombreux handicaps psychologiques et socio-économiques (coût des soins, absentéisme scolaire, incompréhension de la société…) et ont un impact sur la qualité de vie du patient.   

L’eczéma infantile traité en cure thermale est la dermatite atomique qui est une affection essentiellement de cause génétique. Elle concerne 10 % des enfants et apparait à 60% dans la première année de la vie. La guérison peut-être définitive ou suivie d’une récidive type eczéma, asthme, rhinite, ou conjonctivite allergique.

Le psoriasis affecte 3 % de la population mondiale et 1/3 des cas sont diagnostiqués avant l’âge de 15 ans et parfois chez le nourrisson sous forme d’un érythème fessier. 50% des enfants psoriasiques ont un parent proche atteint par la maladie. Au-delà de la souffrance et de la gêne qu’occasionne le psoriasis, c’est aussi pour le petit patient, les moqueries des copains qui souvent l’enferment dans sa maladie.

La cure dermatologique est composée essentiellement de soins externes. Les eaux minérales sont directement mises au contact des organes malades. Les différentes techniques sont les bains, les pulvérisations et les douches filiformes (soin essentiel dans la cure infantile). Ces techniques sont communes à tous les services de dermatologie mais dans le cas de la cure thermale, les installations se distinguent par le nombre, la taille, l’équipement des salles de bain, des douches et des pulvérisations. En complément de ces principaux soins, on notera les massages des cicatrices, les enveloppements dermatologiques mais aussi et surtout chez l’enfant, l’accompagnement psychothérapique, particulièrement pour les petits patients non accompagnés.

 

3 QUESTIONS AU DR ANNE-VÉRONIQUE FOUROT, MÉDECIN THERMAL À LA BOURBOULE

À partir de quel âge, un enfant peut-il suivre une cure thermale ?

L’âge auquel un enfant peut commencer une cure thermale est variable en fonction de la pathologie justifiant de celle-ci. Un enfant présentant une dermatite atopique ou une autre pathologie dermatologique (brûlures) peut suivre une cure dès 3 mois. Pour les pathologies respiratoires, dès 3 ans ou un peu plus tôt en fonction de la pathologie (intensité, fréquence…), mais aussi en fonction de l’enfant (capacités à faire les soins thermaux et à les supporter). Finalement, la décision revient au médecin prescripteur (généraliste ou spécialiste) connaissant bien l’enfant qui la prendra en accord avec ses parents de l’envoyer en cure plus ou moins tôt.

Quels sont les principaux apports du thermalisme chez les enfants ?

Le thermalisme doit être considéré comme un traitement complémentaire aux thérapeutiques habituelles. Il y a l’effet thérapeutique des produits thermaux minéraux sur les tissus et les muqueuses permettant une diminution de la sévérité des pathologies (diminution de l’intensité et de la fréquence des manifestations, diminution du nombre d’hospitalisations) mais aussi une diminution des consommations médicamenteuses limitant ainsi les effets secondaires des traitements. Il y a aussi l’effet environnemental où l’enfant et sa famille va pouvoir profiter d’un cadre sain en dehors des métropoles polluées. Ils vont pouvoir profiter de la nature, si ils viennent en famille, ils pourront partager des moments ensemble à la fois lors de soins thermaux pour les plus jeunes (moins de 12 ans) et en dehors des thermes. C’est pour l’enfant et sa famille une approche nouvelle de la maladie.

Quelles sont les évolutions médicales du thermalisme infantile, ces 20 dernières années ?

C’est le développement au sein des villes thermales ou des établissements thermaux de programmes d’éducation à la santé et de programmes d’éducation thérapeutique réalisés pour les enfants et leur famille en particulier pour l’asthme et la dermatite atopique. L’enfant est au centre de la démarche et est considéré au sein de son environnement (familial, scolaire, environnemental, de loisir…). Le principe est de l’aider à mieux comprendre et connaitre sa maladie, ses médicaments, à les gérer ainsi qu’à adapter son comportement face aux situations qu’il rencontre, à parfois modifier certaines habitudes de vie. L’éducation thérapeutique aide à acquérir des compétences dans les domaines du savoir, du savoir-faire et du savoir être.

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