Rentrée scolaire : comment aider les jeunes en souffrance psychologique ?
Dans Maladies & Symptômes 2 septembre 2022
Dernière mise à jour le 4 janvier 2023.
Anxiété, déprime voire dépression, la rentrée scolaire peut être une période difficile pour les enfants et les adolescents. Marie-Rose Moro, pédopsychiatre et professeure de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Paris Descartes, nous livre ses conseils pour les accompagner.
La question de la santé mentale chez les enfants et adolescents est plus que jamais au cœur des conversations. En effet, la crise sanitaire a révélé les difficultés que pouvaient rencontrer ces jeunes. Avant l’apparition du Covid-19, 8 à 10 % des adolescents présentaient un mal-être psychologique. Ils sont désormais 10 à 12 % à ne pas se sentir bien psychologiquement.
Pour le Pr Marie-Rose Moro, cela s’explique non seulement par la crise sanitaire mais également par d’autres questions portant sur l’avenir : « Le Covid-19, les questions écologiques, la guerre, les inquiétudes sur le futur… Tout cela fait que nous sommes dans un monde incertain et angoissant. Cela devient très inquiétant pour les adolescents. »
Alors, quelles sont les solutions pour venir en aide à ces jeunes en souffrance psychologique, en cette période de rentrée scolaire qui peut s’avérer stressante chez les enfants déjà fragilisés ?
Le Pr Moro apporte 3 conseils aux parents, grands-parents ou proches.
1. Détecter les signes avant-coureurs d’une dépression ou de l’anxiété
En fonction du trouble, les signes avant-coureurs seront différents. Dans le cadre d’une dépression, c’est la rupture entre ce que l’enfant aimait faire avant et n’aime plus désormais qui représente un signe important. « Par exemple, un enfant qui aimait bien la rentrée mais qui ne l’aime plus ; qui aimait bien aller se promener avec ses camarades mais qui n’y va plus, etc… Tout changement d’investissement et d’attitude doit mettre la puce à l’oreille », explique le professeur.
Pour l’anxiété, ce sont d’autres signes qui doivent alerter. Il s’agit d’enfants ou d’adolescents qui présentent des peurs multiples : peur de sortir, peur de la mort, peur d’aller à l’école, etc. « Quand le parent voit apparaître un changement dans la manière de faire de l’enfant, ou une nouvelle crainte, il faut en parler », précise le Pr Moro.
2. Engager la conversation avec son enfant ou adolescent
L’une des clés majeures, pour la pédopsychiatre, est de comprendre que la dépression et l’anxiété se soignent. Selon elle, il s’agit d’un point que « les parents doivent appréhender afin de ne plus craindre d’en parler ».
En effet, cela paraît parfois complexe pour les parents d’aborder le sujet, alors que leurs enfants montrent de véritables signes de mal-être psychologique. Pour les aider dans cette démarche, le Pr Moro explique : « Les parents doivent simplement dire ce qu’ils voient. Par exemple, quand quelqu’un a une grippe, on lui dit : « Tu as de la fièvre, tu as mal partout, je pense que c’est une grippe. On va voir le médecin ». Ici, c’est la même chose ».
Pour la spécialiste, il s’agit d’aider les enfants et les adolescents « à traduire ce qu’ils ressentent et leur comportement, en mettant des mots précis sur ce qui leur arrive. »
3. Proposer une solution adaptée leur état psychologique
Enfin, une fois le dialogue ouvert, il faut diriger l’enfant vers une réponse adaptée. Plusieurs solutions existent en fonction du trouble et de sa gravité.
Des thérapies individuelles ou familiales
Pour l’enfant déprimé, une thérapie individuelle est la plus adaptée. Éventuellement prévoir une thérapie en famille dans certains cas. Le Pr Moro ajoute : « Si cela ne suffit pas, l’enfant aura besoin d’un médicament, comme un antidépresseur. »
Pour l’enfant anxieux, il existe des thérapies courtes, centrées sur les symptômes qu’il présente. « S’il s’agit d’une phobie scolaire, il faut voir ce qui pose problème et travailler dessus avec la famille. Dans ces situations, le soutien des proches est précieux. » précise la pédopsychiatre.
Des activités ciblées sur le bien-être
Aussi, des techniques comme la relaxation ou le yoga peuvent aider à apaiser l’anxiété, comme l’explique le Pr Moro : « Elles diminuent le niveau de stress général des enfants ou des adolescents. »
La pratique d’une activité loisir qui permet de s’exprimer, comme le sport ou la musique, est également la bienvenue.
Des cures thermales courtes ou conventionnées
Entre autres, les cures thermales s’avèrent être une véritable alternative thérapeutique naturelle et efficace contre les symptômes d’un mal-être psychologique. S’adressant aussi aux enfants et adolescents, les cures thermales s’effectuent dans le cadre :
- d’une cure conventionnée de 18 jours prescrite par un médecin spécialisé en affections psychosomatiques ou en troubles du développement chez l’enfant ;
- d’une cure courte, dite aussi libre, ouverte à tous à n’importe quel moment de l’année, pour une durée de soins réduite (6, 9 ou encore 12 jours) en fonction du programme.
Concrètement, les soins thermaux proposés en cure incluent des bains thermaux, des massages sous l’eau, des douches thermales, etc. ; ainsi que des modules complémentaires tels qu’un suivi psychologique, des séances de relaxation, des ateliers d’échanges, etc.
Pour en savoir plus sur les cures thermales et leurs bienfaits, téléchargez le guide pratique de la cure thermale 2022.

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Sources :
- Interview du Professeur Marie-Rose Moro pour L’Officiel du Thermalisme (1/09/2022)
- Étude de la DREES, Santé mentale : une amélioration chez les jeunes en juillet 2021 par rapport à 2020 mais des inégalités sociales persistantes, 22/06/2022