Efficacité des cures thermales : « Uniformiser les protocoles d’études peut aider à mettre fin aux polémiques »

Par Violaine Badie
Publié le 23 janvier 2023 à 09h00 dans

 

recherche médicale cure thermale

© AdobeStock

À l’heure actuelle, les protocoles d’évaluation des médecines douces ne sont pas aussi harmonisés que ceux de l’industrie du médicament. Proposer une convergence méthodologique serait-il la solution pour faire taire les détracteurs du thermalisme ? Le professeur Grégory Ninot*, directeur adjoint de l’Institut Desbrest d’Épidémiologie et de Santé publique (Université de Montpellier-Inserm) et chercheur en santé humaine, nous répond.

L’Officiel du Thermalisme : Depuis près de 20 ans, les études pour démontrer l’efficacité des cures thermales pour soulager des symptômes de pathologies chroniques se multiplient, en France comme à l’étranger. Pourtant, certaines voix s’élèvent régulièrement pour dire qu’elles ne suffisent pas. Pourquoi ?

Pr Grégory Ninot : Toutes les études sur les cures thermales ne sont pas de qualité équivalente. Certaines utilisent des méthodologies imprécises et cela fait partie des points mis en avant quand quelqu’un critique leur efficacité. Et même celle des médecines douces en général ! L’industrie pharmaceutique applique depuis plus de 60 ans des procédés uniques pour l’évaluation des médicaments. Nous n’avons pas le même recul pour d’autres thérapeutiques, notamment les interventions non médicamenteuses dont font partie les cures thermales. Uniformiser les protocoles d’études pourrait aider à mettre fin aux polémiques. C’est pourquoi la Non-Pharmacological Intervention Society (Société d’Intervention Non-Médicamenteuse NLDR) a émis des propositions de méthodologies rigoureuses pour les études cliniques destinées à évaluer ces pratiques.

De nombreuses études menées sur les cures thermales ont tout de même suivi des protocoles sérieux et ont été publiées dans des revues de référence…

Bien sûr ! Très récemment, nous pouvons citer une méta-analyse sur la fibromyalgie (1), menée sur la base de 11 essais randomisés et incluant plus de 600 participants. Ou encore une autre méta-analyse qui a utilisé 21 essais randomisés pour évaluer l’efficacité d’une cure thermale spécialisée contre l’arthrose du genou (2). D’ailleurs, la spécialisation de la cure thermale et des traitements est absolument primordiale. Nous avons besoin que les centres thermaux réalisent des études vraiment spécifiques qui permettraient d’affiner et d’optimiser les protocoles de soins.

Qu’entend-on par intervention non médicamenteuse et quelle est la différence avec l’appellation « médecine douce » ?

La Haute Autorité de Santé reconnaît les interventions non médicamenteuses ou INM depuis 2011. Il s’agit de méthodes de prévention santé ou de soin non invasives et non pharmacologiques, fondées sur des données scientifiques probantes, ciblées et encadrées par des praticiens qualifiés. Nous préférons généralement cette appellation à « médecines douces », moins précise et qui comprend de nombreuses pratiques alternatives, parfois ésotériques, irrationnelles et inexplicables. Les INM concilient en quelques sortes les médecines douces et la science. Elles sont efficaces et sûres, par opposition à d’autres pratiques qui n’ont pas fait leurs preuves voire peuvent s’avérer dangereuses.

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Ces INM ne sont pas en opposition avec la médecine conventionnelle ?

Bien au contraire, les deux sont complémentaires. Les interventions non médicamenteuses apportent souvent un bénéfice face à des symptômes et une qualité de vie altérée en lien avec une maladie chronique. Pour ces pathologies, dont on ne guérit pas, la médecine traditionnelle reste  importante mais est parfois insuffisante. Dans le cas des cures thermales, l’intérêt peut être par exemple de retarder une chirurgie du dos ou du genou, d’aider à se prendre en charge davantage pour réduire sa consommation d’antalgiques, d’apporter un soulagement là où les médicaments ne fonctionnent plus…

*Pr Grégory Ninot est également professeur à l’Université de Montpellier, chercheur à l’Institut du cancer de Montpellier et président de la Non-Pharmacological Intervention Society. Il se consacre depuis une trentaine d’années à l’évaluation des médecines douces. Il est l’auteur du livre 100 médecines douces validées par la science aux éditions Belin (janvier 2022).

100 médecines douces validées par la science - Grégory Ninot
 

Sources :

Un commentaire

  • gavanon dit:

    Avec des cures que j effectue depuis ma tendre enfance, j ai atteint l âge de 70 ans et asthmatique de naissance en renfort des médicament ( synbicort depuis plus 4O ans) les cures thermales me servent de renfort afin de passer des hivers « sans trop » de bronchite aigüe

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