Cure thermale et santé mentale : des propositions évoquées à l’Assemblée nationale

Par Julie Paysant
Publié le 21 avril 2023 à 11h13 dans

détente pendant une cure thermale pour la santé mentale

© AdobeStock

Le Dr Olivier Dubois, psychiatre et directeur des thermes de Saujon, a été auditionné par une commission de l’Assemblée nationale pour faire un état des lieux de la santé mentale en France. Quelles sont les solutions évoquées pour améliorer la prise en charge des patients ?

Une personne sur cinq est touchée chaque année par un trouble psychique, soit 13 millions de Français. Pour le Dr Olivier Dubois, directeur des thermes de Saujon, la cure thermale est une « quatrième voie » pour prendre en charge la santé mentale. « Nous avons trois méthodes de prise en charge d’un patient souffrant d’un trouble psychique : la médication, les psychothérapies et, dans une situation qui s’intensifie, la prise en charge hospitalière. La quatrième voie ou voie intermédiaire, à la fois institutionnelle et hors du domicile, est la voie de la cure thermale ». Pour le psychiatre, face à certains échecs thérapeutiques et dans certaines conditions bien précises, il est nécessaire de développer des alternatives à l’hôpital. Son expertise a été sollicitée par un groupe de députés en mars dernier. Pour l’Officiel du Thermalisme, il revient sur les points abordés.

Des propositions concrètes pour les actifs

Le but premier de cette rencontre était de faire connaître la prise en charge de la santé mentale en médecine thermale. Autrement dit, d’expliquer aux parlementaires comment elle constitue une voie thérapeutique différente et complémentaire des prises en charge ambulatoires et hospitalières. « Compte tenu de la croissance des troubles en santé mentale dans la société (stress, burn-out, épuisement, dépression et troubles du sommeil) et du recours parfois trop intensif à la médication, il m’apparaissait nécessaire de montrer, en commission parlementaire, l’intérêt de développer cette formule intermédiaire de prise en charge de la santé mentale, plus naturelle et plus douce », précise le Dr Dubois.

Autre proposition formulée par le psychiatre auprès de la commission : la mise en place de cures thermales de deux semaines, plus adaptées pour les actifs. En effet, pour les curistes en activité professionnelle et souffrant de troubles psychologiques ou psychiatriques, la formule de quinze jours conviendrait mieux qu’un séjour de trois semaines comme instauré aujourd’hui pour les cures conventionnées et remboursées.

Les freins de la prise en charge de la santé mentale en établissement thermal

Plusieurs obstacles empêchent aujourd’hui la médecine thermale de prendre une plus grande place dans la prise en charge de la santé mentale. Selon Olivier Dubois : « L’image du thermalisme reste peu médicale au sens professionnel. Il manque une certaine caution universitaire. Sans oublier que le thermalisme dépend du ministère du Tourisme et non pas du ministère de la Santé. Il est nécessaire d’intégrer le thermalisme dans le système de santé ».

Autre levier possible : la diffusion d’informations auprès des psychiatres exerçant en ville ou en établissements privés ou publics. « Il y a peu ou pas de module d’enseignement de médecine thermale en faculté de médecine donc très peu de médecins connaissent la discipline. Les médecins, dont les psychiatres, découvrent souvent l’existence et les bienfaits des cures grâce à leurs patients. Nous souffrons d’un manque de formation, alors que, paradoxalement, la médecine thermale suscite un vif intérêt lorsqu’elle est enseignée » ajoute le Dr Dubois.

Prochaine étape pour le médecin psychiatre : une intervention auprès des sénateurs du groupe Les Républicains (LR) d’ici la fin du printemps ou le début de l’été.

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Source :

  • Entretien avec le Dr Olivier Dubois, psychiatre, directeur des thermes et des cliniques de Saujon, fondateur de l’École du Stress (19 avril 2023)

2 commentaires

  • Bernard CHAMBON dit:

    Bonjour
    Je suis pour une cure spéciale « problèmes mentaux » de 3 semaines à 4 semaines donc de durée plus ou moins équivalente aux hospitalisations en urgence et ce, avec :
    *** une psychothérapie et/ou analyse,
    *** sophrologie,
    *** hypnose médicale
    comprises dans les soins indépendament de tout ce qui est relaxation, kiné, piscine, diététique, etc.

    Répondre moderated
  • BAUDOIN Philippe dit:

    La proposition du Docteur DUBOIS concernant la durée des cures pour les actifs, permettrait à ceux-ci de se libérer plus facilement de leur travail.
    De mon coté je plaide pour une autre formule qui est de diviser la cure de 18 jours en 3 fois 6 jours, avec une semaine sur chacun des trimestre d’ouverture des cures. Cela permettrait encore mieux l’accès aux actifs qui en ont besoin et éviterait l’épuisement des retraités avec 3 semaines d’affilé. Nous ne sommes plus « à la belle époque », il faut évoluer avec son temps.

    Répondre moderated
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